Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Hervé Mimran : « La comédie est un langage»
Le réalisateur d’« Un homme pressé », le dernier Luchini, qui sera projeté ce soir en avant-première à la Croix-Valmer, sera dans la salle pour présenter le film et discuter avec les spectateurs
Arrivé dans la presqu’île pour la première présentation au grand public de son dernier film «Un homme pressé» ce soir à 20 h, salle Voli, à La Croix-Valmer*, en compagnie du producteur Matthieu Tarot, le réalisateur, Hervé Mimran, également réalisateur de « Tout ce qui brille » et « Nous York », évoque les acteurs de ce film et son choix de réaliser des tragi-comédies.
Pourquoi le choix de la CroixValmer pour cette avantpremière ?
C’est le producteur, Matthieu Tarot qui a eu cette idée. Je pense par amitié pour les gens d’ici, compte tenu qu’il y a une maison et qu’il y vit une grande partie de l’année. Il l’avait déjà fait pour le film d’Hélène Fillières, « Volontaire » au mois de mai dernier. Nous devons ensuite le présenter à Florence en Italie et à Lausanne en Suisse la semaine prochaine.
Vous avez fait tourner Fabrice Luchini, un monstre sacré. Était-ce difficile?
Non. Fabrice Luchini est un grand acteur qui sait respecter et le metteur en scène et l’auteur. Il y a un subtil équilibre en la direction qu’on doit donner à l’acteur et la bride qu’on peut lui laisser sur le cou pour qu’il exprime son talent. Là, tout s’est bien passé, le tournage a été très agréable.
Vous aviez tout de suite pensé à lui pour le rôle?
Oui. Car la parole fait tellement partie de son personnage que lui proposer une sorte de contreemploi (puisque le personnage principal sort d’un accident vasculaire cérébral et ne s’exprime donc plus, voire prononce des mots incohérents)** m’a paru sympathique. Il a lu le scénario, qui l’a séduit tout de suite. Mais il a hésité, avant d’accepter, un peu inquiet justement d’avoir à représenter quelqu’un avec de telles difficultés d’élocution. Mais il a accepté et c’était la bonne personne.
C’est le troisième film que vous faites avec Leïla Bekthi. C’est votre actrice fétiche?
Leïla et moi sommes nés et avons grandi ensemble dans ce métier. C’est une très grande actrice et elle convenait au rôle qui a été écrit pour elle. Nous avons tous vieilli et elle est plus posée que lorsqu’elle avait ans, dans «Tout ce qui brille». En plus, elle rêvait de jouer le rôle d’une femme qui se serait appelée Jeanne. Elle s’appelle donc Jeanne dans le film.
Ce film est une comédie douceamère. C’est votre marque de fabrique ?
Les deux précédents films ( Tout ce qui brille et Nous York), étaient effectivement des comédies dans lesquelles des sujets graves étaient abordés. Celui-ci est dans la même veine, même si le sujet est encore plus tragique, le retour à la vie après un dramatique problème de santé. La comédie pour parler d’un sujet triste est comme un langage. C’est la façon de raconter la même histoire avec ce petit plus de légèreté. Comme une politesse du désespoir, une forme de pudeur. Parfois, j’aimerais bien pouvoir faire de vrais drames, mais je ne suis pas sûr d’en être capable.
Lors de la projection à la CroixValmer, vous allez prendre la parole ?
Oui, je vais présenter le film avant sa projection. Ensuite, comme j’aime bien échanger avec les gens, je pense que cela se fera autour d’un verre, de façon informelle. C’est mieux que dans la salle où les gens ont souvent peur de prendre la parole.
Vous travaillez déjà un autre scénario ?
Oui, je suis en train d’écrire une nouvelle histoire. Mais je ne vous en dirai pas plus.
* Gratuit, mais Il faut réserver impérativement au 04.94.55.13.13. ** Le scénario du film est inspiré de l’histoire vraie de Philippe Streiff, ancien Pdg des industries Peugeot, victime d’un AVC en 2008. Un livre a été fait sur son parcours de rééducation, son retour dans la vie et ses nouvelles priorités.