Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

J’ai eu de la chance, j’ai gardé ma jambe droite !”

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«L’histoire de foot valide s’est arrêtée là», ponctue calmement le garçon. Treize ans se sont écoulés depuis l’accident. Jérôme Raffetto n’a évidemment rien oublié. Et raconte son histoire sans aucun pathos. Avec une grande simplicité. Ses débuts, minot, sur les terrains marseillai­s des Cayolles, où ses grandes qualités techniques ne passent pas inaperçues. Son passage par l’AS Cannes, où il devient champion de France des moins de 17 Nationaux avec Peter Luccin, Sébastien Frey et Julien Escudé. Où il joue, aussi, deux matches avec l’équipe une, en deuxième division. Son départ pour Dunkerque, en CFA. Ses blessures à répétition, qui l’éloignent des terrains pendant un an et demi, puis sa reprise à Draguignan. «Mais je me blessais souvent. J’ai eu envie d’arrêter. Et ça faisait dix ans que j’étais

Et l’envie d’aller voir plus haut. Endoume, en CFA2, une montée en CFA. Et, en attendant de rejoindre Istres et son meilleur ami Lionel Falzon en D2, sa signature à Hyères en 2005. Jusqu’à ce jour maudit d’octobre, donc. Sa carrière est brisée net. Quant à lui... «Çaaété un peu compliqué, bien sûr, mais j’ai été très entouré, raconte-til. Par le club, et notamment mon entraîneur de l’époque Patrick Bruzziches­si, avec qui je suis resté en très bon terme, encore aujourd’hui. Mon entourage m’a aussi beaucoup aidé. Mes amis, ma

famille, ma femme, surtout, avec qui j’ai aujourd’hui deux enfants.» Lui fait preuve d’une force incroyable. Et accepte très vite l’inacceptab­le. «Quand je me suis réveillé à l’hôpital, j’étais conscient que j’avais perdu ma jambe, que je ne jouerais plus jamais au foot, et qu’il fallait passer à autre chose. Le mental, je Lors de cette coupe du monde ( octobre- novembre), les Français sont dans le groupe de l’Argentine (qu’ils affrontero­nt ce dimanche à  h, heure locale), de l’Italie et du Ghana. « Un groupe pas évident. Ce serait déjà bien de passer les poules », estime Jérôme Raffetto. Bien sûr, « en tant que compétiteu­r, l’ambition, c’est de la gagner. Mais en être capable, c’est autre chose. Si on arrive en quart, ce serait déjà un très beau parcours. Nous, on fonctionne vraiment à la débrouille. On n’a même pas de fédération. D’autres nations sont beaucoup plus profession­nelles que nous. » A l’image des redoutable­s Turcs, de la Pologne ou de l’Angleterre, aux moyens bien supérieurs.

l’ai toujours eu.» Soutenu, épaulé, il se renseigne sur le handisport. «Mais je ne voulais pas jouer en fauteuil.» Il ouvre alors un complexe de foot en salle, à Carnoux, avec deux amis, en 2008. «Pendant 12 ans, j’ai laissé tomber le sport. Et j’ai pris du poids », rigole-t-il. Et puis, en octobre dernier, il effectue un test à l’effort. Sa cardiologu­e l’encourage à reprendre une activité physique. « Ça m’a fait un peu gamberger. Et un jour, j’attendais ma fille qui sortait du théâtre, et un peu par hasard, je suis tombé sur le site de l’équipe française de football pour amputés (EFFA). Je leur ai envoyé un mail. Ils m’ont rappelé une demi-heure après.» Très intéressés par le CV de l’ancien footballeu­r profession­nel. Forcément. Jérôme Raffetto accepte de les rejoindre en stage en janvier. «Je m’y suis remis à fond. J’ai regardé des matches, j’ai appris à courir avec des béquilles...» Jusqu’à la rencontre avec ses nouveaux coéquipier­s, en région Rhône-Alpes. « Ça s’est super bien passé!» Le sportif y retrouve

«l’ambiance du foot valide. Tout le monde a son histoire, mais on s’amuse, on se chambre, on raconte notre vie. Ça me rappelle les bons souvenirs de vestiaires.» Il y retrouve aussi «un niveau intéressan­t.» «J’étais assez technique, à l’époque. Et j’ai eu de la chance, j’ai gardé ma jambe droite!», se marret-il. Si bien qu’après quelques mois de pratique seulement, il est sélectionn­é pour la coupe du monde pour personnes amputées. Sa première. L’homme de 38 ans est au Mexique, à Guadalajar­a. À 1500 m d’altitude. Depuis mercredi. Des premières, il en a connu d’autres depuis l’annonce de sa sélection. Premier but avec les « amputés » contre la Belgique en match amical. Et première fois qu’il prend l’avion «plus d’une

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