Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Signé Roselyne
Mardi
On reste pantois devant le discours prononcé par monsieur Erdogan devant les responsables de son parti, l’AKP, à propos de l’assassinat du journaliste Jamal Khassoghi dans les locaux de l’ambassade saoudienne d’Ankara. Voilà le président turc s’autoproclamant défenseur de la presse alors que sur journalistes jetés en prison dans le monde, le sont dans les geôles turques. Le voilà qui avoue que l’ambassade d’un pays « ami » est truffée de micros, ce qui laisse supposer qu’il en de même pour l’ensemble des bâtiments diplomatiques. Le voilà qui raconte tranquillement qu’il suivait l’affaire avant même que les assassins ne soient passés aux actes, ce qui lui permettait d’empêcher le crime. Enfin, le voilà qui, après avoir détaillé par le menu ce meurtre abject, se refuse à mettre en cause les commanditaires saoudiens. Une pareille démonstration de cynisme, c’est vraiment du grand art.
Mercredi
Lors des perquisitions effectuées à son domicile et au siège de son parti dans le cadre de soupçons de surfacturation de ses frais de campagne au bénéfice d’une société tenue par une proche, outre les violences et les éructations, Jean-Luc Mélenchon et les responsables de La France Insoumise avaient porté des accusations terribles contre Emmanuel Macron, laissant accroire que l’opération aurait été commandée pour masquer ses atermoiements et ses échecs. Les personnes qui connaissent le fonctionnement des procédures, toutes tendances politiques confondues, eurent tôt fait de mettre en pièce des gasconnades infondées. Jean-Luc Mélenchon était persuadé que ses outrances langagières et comportementales seraient portées à son crédit dans un contexte de remise en cause du pouvoir et des institutions. Il n’était pas absurde d’ailleurs de craindre que les théories du complot ne rencontrassent quelque écho. Caramba, encore
raté… Les Français ne sont pas si bêtes et les deux enquêtes d’opinion parues aujourd’hui le démontrent. Dans un sondage Elabe, deux Français sur trois se disent choqués par ces inconvenances, mais le plus grave pour le député de Marseille est que son coeur de cible est gravement touché, puisque la moitié de ses électeurs du premier tour de la présidentielle ont la même réaction de rejet. Pas étonnant alors que dans le classement de la cote des politiques français tenu par l’institut IPSOS, il passe de la
e …à la e place ! Une dégringolade pareille en quelques jours, c’est du jamais vu. Comment un homme intelligent –oui, Jean-Luc Mélenchon est un homme très intelligenta-t-il pu être à ce point emporté par ses passions et ses peurs qu’il s’est révélé incapable de surmonter une réelle épreuve de stress ? Beaucoup de citoyens resteront à ses côtés pour qu’il exerce une fonction tribunicienne qui portera leur mécontentement et leur ressentiment, mais nombre de
ceux-là se refuseront à imaginer qu’il puisse avoir un jour en main le bouton de la guerre nucléaire. La question de sa succession est maintenant clairement et cruellement posée à Jean-Luc Mélenchon.
Vendredi
Après les images glaçantes du braquage de l’enseignante par un de ses élèves, Christophe Castaner a repris ce matin la main sur la communication gouvernementale dans le domaine de la sécurité dans les établissements scolaires. On peut espérer que le plan promis pour la semaine prochaine sera plus substantiel que les quelques annonces sécuritaires présentées par le ministre de l’Intérieur. La violence n’est plus un phénomène limité à quelques individus asociaux et à quelques quartiers défavorisés, elle touche plus ou moins chacun des établissements scolaires qui accueillent plus de millions d’élèves. Les faits délictueux commencent dès le primaire et l’on voit de véritables petits chefs de gang d’à peine - ans se livrer au racket et aux trafics. Si la répression est indispensable, le défi qui nous est lancé ne sera pas résolu en faisant stationner des policiers dans les centaines d’établissements les plus touchés. Il est même à craindre que ces policiers ne deviennent les cibles toutes désignées des petits caïds qui se vautreront dans la haine anti-flic qu’ils inoculent à leurs condisciples. La vraie question n’est plus posée seulement au gouvernement, aux enseignants, aux parents, elle est posée à une société qui pense que le Code de la route n’a été établi que pour emm… les automobilistes, qu’on peut bousculer les vieilles gens sur le trottoir avec sa patinette ou son vélo, au motif que la voiture pollue, que l’on peut cracher de la haine à condition d’être un rappeur, qu’un politique peut insulter impunément des magistrats, des policiers et des journalistes, que des évêques sont excusables de couvrir des crimes pédophiles, que de se déculotter sur les scènes de théâtre est une preuve de génie, que la pornographie est l’expression de la liberté sexuelle, qu’on peut écrire en toute impunité des dénonciations anonymes sur les réseaux sociaux, que les lois de la République doivent céder devant les diktats religieux. Nos enfants ne sont que le reflet de nos misérables lâchetés collectives.
« Voilà le président turc s’autoproclamant défenseur de la presse alors que sur 176 journalistes jetés en prison dans le monde, 35 le sont dans les geôles turques. »