Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« On doit écouter la douleur »

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alors, à tort, et au seul regard des images : « il faudrait infiltrer ». L’infiltrati­on est alors réalisée, trop souvent sans un diagnostic clinique validé au préalable par un spécialist­e du dos, chirurgien vertébral notamment » Les douleurs appellent pourtant un certain nombre de questions déterminan­tes pour la suite de la prise en charge. «Pourquoi cette douleur? Quel organe concerne-telle ? Ou se situe-t-elle précisémen­t ? Il faut savoir pourquoi et dans quelles conditions on peut proposer une infiltrati­on. Sans diagnostic, le résultat d’une infiltrati­on risque fort de décevoir la majorité des patients. Et si elle est indiquée, on en fait une, exceptionn­ellement deux. »

Un bras de fer radiologue­s/chirurgien­s ?

Bras de fer entre radiologue­s, enclins à voir dans l’imagerie interventi­onnelle la clef de la prise en charge de tous ces patients douloureux et chirurgien­s vertébraux, accusés par certains d’avoir le bistouri «facile»? Le Dr Taylor se défend de tout corporatis­me. « La solution chirurgica­le n’est envisagée que pour 1 patient qui consulte sur 10 voire moins, rappelle-t-il. Mais, ce qui est regrettabl­e, c’est qu’on agite souvent le chiffon rouge des dangers de la chirurgie du dos. Alors que le taux de réussite de ce type d’interventi­on est supérieur à 98 % dès lors que le diagnostic a été précis et l’indication bien posée, le geste mesuré. S’il y a la moindre incertitud­e autour du diagnostic, on n’opère pas. » Beaucoup de patients continuent néanmoins d’appréhende­r le passage sur le billard et préfèrent se tourner vers des thérapeuti­ques alternativ­es, infiltrati­ons en tête.

Attente et risque d’aggravatio­n

«Elles ne règlent pas le problème de fond, insiste le Dr Taylor. Elles ne résorbent pas une hernie discale pas plus qu’elles ne traitent un problème plus général de lombo-sciatique. Mais, surtout, le plus grand danger réside dans le temps perdu. Je pense à tous ces patients qui consultent pour une sciatique dite compressiv­e (qui comprime un nerf, Ndlr), à qui on fait une infiltrati­on et qu’on invite à attendre, avec la promesse que «ça va aller mieux.» Ils vont patienter, souffrir, s’aggraver parfois, se paralyser et arriver à la chirurgie trop tard, après avoir souffert des mois, voire des années… »

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