Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
«Les Européennes pourraient avoir des conséquences municipales» Interview
François Volpi, président du Cercle républicain du Dragon, est à l’initiative de l’organisation de la Consultation citoyenne autour de l’Europe commandée par l’État français
Qu’est ce que les Français pensent vraiment de l’Europe ? Pour le savoir, les communes sont invitées depuis le début de l’année à accueillir à leur façon et par le biais de différents acteurs locaux (élus, responsables d’associations, chefs d’entreprises, syndicats…), des consultations citoyennes décrétées par le Président de la République. Et portées sur tout le territoire par la député de la majorité, Valérie Gomez-Bassac. À quelques semaines de la synthèse qui sera tirée par le Conseil européen à partir de toutes les consultations combinées dans les 27 états membres, Draguignan a organisé la sienne vendredi soir dans la Maison des sports et de la jeunesse (MSJ). L’initiative en revenait à la section locale de la Ligue des droits de l’Homme, en partenariat avec le Bureau d’information du Parlement européen, le Mouvement européen Var et le Cercle républicain du Dragon Et c’est précisément son président, François Volpi, qui nous répond quelques instants avant que ne débute la réunion placée sur le thème de la montée des nationalismes en Europe.
Malgré un sujet sensible et des élections toutes proches, à peine une soixantaine de personnes a fait le déplacement ce soir. Comment expliquezvous ce désintérêt pour tout ce qui touche à l’Europe ?
Il y a effectivement plus de défiance que de connaissances sur les institutions européennes et leurs actions concernant chacun de nous. Alors que juste après la guerre, l’Europe apparaissait comme une nécessité. Le manque de communication est sans doute la cause d’une certaine ignorance de l’action européenne au quotidien.
Outre le débat autour de l’Europe, la soirée est aussi l’occasion pour vous de parler de la crise migratoire par le biais d’un spectacle symbolique.
Il s’agit du Massacre des Italiens. Une pièce est adaptée du livre du même titre publié par Gérard Noiriel qui se base sur une réalité historique locale, la forte immigration italienne en Provence. Celle-ci fut au départ, soit il y a plus de ans, très mal acceptée. À Aigues-Mortes en , Italiens seront ainsi tués comme le racontent le livre et la pièce. Quand on sait qu’aujourd’hui près de % de la population dracénoise a des racines italiennes…
Peut-on comparer cette immigration transalpine avec
celle actuelle venue de pays non-européens ?
On est citoyen français quand on adopte les valeurs républicaines et non pas par rapport à ses origines ou sa religion.
La montée du populisme, phénomène temporaire ou promis à perdurer et progresser ?
Le sentiment xénophobe se développe un peu partout et contre cela l’Europe doit porter sur l’immigration une solution globale et ne pas laisser les pays se débrouiller chacun de leur côté. Il faut en tout cas être vigilant et encore plus dans le Var où l’extrême droite gagne du terrain. Les résultats des Européennes pourraient bien avoir des conséquences sur les municipales.
Parlez-nous du Cercle républicain du Dragon dont vous êtes le président depuis sa création il y a ans sur Draguignan.
Il a été fondé par des étudiants en droit et des juristes pour promouvoir l’héritage historique et républicain de Draguignan. La ville a toujours été républicaine. Je pense notamment au député Joseph Collomp qui s’est opposé avec d’autres aux pleins pouvoirs donnés à Pétain. Ainsi qu’à Jean Piquemal, Résistant et chef de maquis dans les Alpes du sud arrêté par la Gestapo, torturé et fusillé le juillet . Nous comptons d’ailleurs prendre contact avec la municipalité pour que le nom de ce syndicaliste et Franc-maçon figure sur une artère de la ville. Ou qu’il lui soit dédié une plaque commémorative. Le nom de notre cercle est directement lié à l’adresse, rue du Dragon, où Jean Piquemal avait installé sa loge.
1. 22 Consultations citoyennes ont été organisées dans le Var mais jamais jusque-là à Draguignan.
2. Parmi les personnalités présentes : Jean-Michel Dumont (ancien diplomate et auteur), Cyprien Fonvielle (directeur du Site Mémorial du camp des Milles), Henri Rossi (président de la Ligue des droits de l’Homme pour la région Paca), Mme Volpi (responsable de la Ligue des droits de l’Homme pour Draguignan) et Colette Hello (présidente du Mouvement européen Var).