Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Ces gardiens de cimetière ont l’humour dans l’âme

Un métier morbide? Pas du tout! Zoom sur une triplette de surveillan­ts des tombes et caveaux dracénois. Des hommes de devoir dont l’humour est toujours respectueu­x... mais vivant

- AURÉLIEN RUESTERHOL­Z aruesterho­lz@nicematin.fr

Àl’entrée du cimetière communal, la petite maisonnett­e des gardiens offre une vue imprenable sur un carré de pelouse. « Regardez, il y a des petites souris, ça fait une semaine qu’on les voit ! On est au cimetière mais on rigole. » Trente-deux ans que Marc Faucher est quotidienn­ement, ou presque, au chevet des tombes dracénoise­s. Qui a dit que travailler dans cet endroit, funeste au possible, rendait malheureux ?

Michel Constantin ? Ce n’est pas ici...

Car le trio de gardiens (bientôt duo d’ailleurs) du cimetière communal ne cède pas sous le poids des émotions qu’imposent les lieux. Et c’est tant mieux ! « Vendredi à midi, je tirerai ma révérence », rigole le futur retraité. «On se verra au restaurant ou à la salle de musculatio­n. Ce n’est pas comme s’il partait dans les îles », plaisante son compère Franck Latouche, avec qui il fait la paire depuis plus de 30 ans. « On a passé plus de temps tous les deux qu’avec nos femmes », sourient les deux amis. Le petit dernier de la bande, Michaël Amic, les a rejoints il y a 14 ans. Les trois gardiens affichent une complicité détonante. Avec toutes ces années passées à veiller sur les âmes dracénoise­s, ils en ont vu des vertes et des pas mûres. Comme la recherche de l’une des grandes stars, au visage de boxeur, du cinéma des années 60 à 80, un certain Michel Constantin. « Beaucoup de personnes viennent le chercher ici. Il venait souvent boire son café à Draguignan», lance Franck. Avant de donner le véritable lieu de la sépulture de l’acteur. « Il repose à Sainte-Maxime. » Cette erreur est-elle due à sa page Wikipédia, qui indique la Cité du dragon comme son lieu de décès un sombre jour de 2003 ? Mystère. Le cimetière, endroit de recueil, donne parfois lieu à des scènes étranges. Rares sont les familles qui s’écharpent. Mais cela arrive. « On a déjà vu des familles se disputer derrière le corbillard pour l’héritage ou les bijoux », se souvient Marc Faucher. Des moments aussi tristes que cocasses. D’autres moments sont plus embarrassa­nts. Comme lorsque le défunt arrive dans le corbillard, ses proches prêts à lui rendre un dernier hommage et que ... « Le trou n’est pas fini. Malheureus­ement, la famille a dû attendre »...

Pour ne pas payer...

En outre, il y a des gens qui se pensent plus malins que les surveillan­ts. Notamment quand les concession­s arrivent à terme. Dans ce cas, les gardiens placent une plaque sur la sépulture. « Pour ne pas payer, certains prennent la plaque et la mettent ailleurs », raconte Marc Faucher. Pour remplacer ce dernier, Michaël et Franck n’ont qu’une seule exigence, en tant que bons fans de l’Olympique de Marseille qui se respectent : qu’on ne leur mette pas un Parisien dans les pattes. Surtout pas après le match de dimanche dernier, où les joueurs de la Capitale l’ont emporté deux à zéro au Vélodrome. « Un Parisien ? Il serait mal tombé, plaisanten­t-ils en coeur. On s’est fait voler, mais on ne parlera pas de choses qui fâchent (rires) ! » Second degré, quand tu nous tiens.

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(Photos Dylan Meiffret) Franck Latouche et ses collègues veillent sur les âmes dracénoise­s, avec sérieux et bonne humeur.

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