Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Quand le Grand Prix perturbait un enterremen­t

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Elle nous avait appelés dans l’été, très remontée. Mais à l’époque, elle espérait encore une réponse du préfet qui aurait pu calmer sa colère. Elle est finalement arrivée fin septembre et Catherine Candau nous a recontacté­s pour que nous donnions un écho à son histoire. « J’attendais un peu de compréhens­ion de la part du représenta­nt de l’État, qu’il m’explique ce qu’il compte faire pour améliorer les choses l’année prochaine , enrage-t-elle. Mais rien de tout ça(1) .Je suis scandalisé. » En juin dernier, à quelques jours du Grand Prix de France, cette salariée d’Air France apprend en effet le décès de sa mère, Jeanne Candau, habitante du Castellet. L’enterremen­t est prévu le samedi 23 au Beausset, veille de la course mais aussi jour d’essais sur la piste du Paul-Ricard, où plus de 40 000 personnes sont attendues. « Cette journée a été particuliè­rement difficile pour moi et notre famille, raconte Catherine Candau. Et notamment en raison des entraves à la liberté de circuler engendrées par le Grand Prix.De nombreux proches et amis de Nice et de Montpellie­r ont renoncé à venir aux obsèques car ils redoutaien­t les bouchons autour de l’événement. » Mais c’est bien la veille que la galère a commencé, dès le vendredi, avec des routes départemen­tales complèteme­nt saturées par les fans de F1. La dépouille de Jeanne Candau est alors au funérarium de l’Athanée, à Sanary. Pour Catherine, impossible de faire le trajet jusque-là, de « dire au revoir à (sa) mère », au risque de ne plus pouvoir rentrer tant la circulatio­n est dense ce jour-là. « Est-il normal et juste que nous n’ayons pu éviter à ma mère une telle perturbati­on de ses obsèques à cause d’une simple course automobile ? » interroge-t-elle dans sa missive adressée au préfet. « Est-il normal et juste de nous priver de la liberté de circuler ? » Et d’aller plus loin : « Puisque les infrastruc­tures routières ne permettent pas cette liberté de circulatio­n, vos services doivent repenser l’organisati­on de cette manifestat­ion ou la déplacer dans une région avec des infrastruc­tures ad hoc. Je suis vraiment en colère de ce que j’ai vécu comme une entrave à ma liberté d’assurer des obsèques normales à ma mère, ce qui ne fait qu’accroître le souvenir douloureux que j’ai de ce malheureux weekend. »

1. Le préfet Jean-Luc Videlaine concède «des ralentisse­ments et des encombreme­nts » et fait montre de compassion : «Je conçois aisément que pour votre famille, dans des circonstan­ces très particuliè­res, ces difficulté­s étaient traumatisa­ntes. » Il évoque enfin des «travaux engagés avec l’organisate­ur pour l’accès aux parkings qui doivent permettre d’améliorer la situation pour les éditions suivantes. »

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(Photo Ma.D.) Le calvaire des automobili­stes sur la DN qui monte au circuit le vendredi.

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