Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La pollution aux hydrocarbures suscite toujours des questions
Pour Europe Écologie-Les Verts, le sinistre et la réaction de l’État sont sous-évalués. L’association Robin des Bois demande au préfet maritime l’interdiction du mouillage au nord du Cap Corse
Deux semaines après l’arrivée des premières plaques et boulettes d’hydrocarbures sur les plages varoises, le 16 octobre dernier, l’accident et la gestion de ses conséquences continuent de susciter des questions. «Un sinistre et une réaction sousévalués », c’est la critique faite à l’État par les représentants régionaux d’Europe Écologie-Les Verts (EELV). Dans un communiqué, ceux-ci estiment que « la pollution aux hydrocarbures, qui sévit actuellement sur la côte méditerranéenne, est grave. Après les plages varoises, elle atteint le Parc national des Calanques, menace peutêtre les plages de Marseille ou de la Côte Bleue. Ne tournons pas autour du pot : c’est une marée noire et elle est minorée depuis trois semaines par les pouvoirs publics. C’est une catastrophe écologique ».
«Absence de maîtrise de la situation»
Les écologistes se disent « inquiets de l’absence de maîtrise de la situation ». Pour eux, « les plans Polmar, les volontaires, les moyens mobilisés par les collectivités concernées sous la conduite des préfets du Var puis des Bouches-du-Rhône n’empêcheront hélas pas la dégradation subite de l’écosystème et du biotope. La topographie du littoral rocheux des calanques, très cisaillées et difficiles d’accès, où vivent des espèces végétales et animales fragiles, rend les opérations de dépollution quasi impossibles. Quant au nettoyage de la cinquantaine de plages du Var souillées par cette glu noire visqueuse, il prendra des mois, voire des années… » Les élus d’Europe Écologie-Les Verts de Paca veulent une communication de l’estimation et de la progression de la dérive des polluants. Ils ajoutent : « L’impact de ce drame écologique doit être évalué à sa juste mesure et rendu public ». De son côté, Robin des Bois, association pour la protection des droits de l’homme et de l’environnement, dénonce les conditions qui ont permis à la collision de se produire. L’ONG rappelle que « le CSL Virginia (le porte-conteneurs chypriote qui a été percuté par L’Ulysse ,un car-ferry tunisien, NDLR) était au mouillage pour un temps indéfini à l’intersection des routes des car-ferries reliant les ports italiens, français, espagnols, la Corse et la Tunisie ». En l’occurrence, « en plein milieu d’un couloir de circulation à très forte densité emprunté non seulement par les car-ferries mais aussi les navires de charge de toutes catégories reliant l’est et l’ouest, le nord et le sud de la Méditerranée occidentale ». Elle souligne également que le véhicule tamponneur, L’Ulysse, «cumule les déficiences techniques ou humaines à chaque fois qu’il fait l’objet d’un contrôle à Gênes, à Livourne ou à Barcelone», quand «les ports de Sète et de Marseille sont plus indulgents ». Après avoir interdit le mouillage des navires dans un rayon de 9 km autour du navire CSL Virginia ,dimanche 7 octobre à partir de 16 heures, la préfecture maritime de la Méditerranée a abrogé cet arrêté préfectoral le 24 octobre. Au vu de l’importance des dérives de fioul échappé d’une soute à carburant du Virginia percuté par L’Ulysse et des échouages sur le littoral du Var et des Bouchesdu-Rhône, Robin des Bois «demande au préfet maritime de Toulon d’émettre à titre de précaution un arrêté préfectoral interdisant définitivement le mouillage des navires au nord du Cap Corse», afin d’éviter un autre accident du même genre. (1) Christine Juste et Jean-Laurent Felizia (porteparoles) régionaux; Guy Bénarroche et Hélène Haensler, cosecrétaires régionaux.