Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Ségolène Royal n’a pas dit son dernier mot

- PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

En ce jour de Toussaint, debout les morts ! Que reviennent les trépassés du seul monde terrestre où l’on a droit à une seconde vie : la politique. Le jour de la résurrecti­on approche : il tombera un dimanche du printemps , celui du premier tour de la prochaine présidenti­elle. Battus et humiliés, ils ne rêvent encore que de fureur et de gloire, tout en jurant le contraire. Parce que la défaite fut plus amère que le fiel, qu’ils sont convaincus d’avoir échoué à un concours de circonstan­ces. Leur espérance? Qu’un nouvel ouragan dégagiste les repose sur le piédestal dont ils ont été si violemment déquillés. Ségolène Royal est de cette race de revenants. Le PS compte sur elle pour les européenne­s. Elle n’a pas dit non, elle n’a pas dit oui. Elle savoure l’instant. Son livre, sorti hier en librairie, a vite été catalogué comme un dézingage en règle de Hollande et de ses camarades socialiste­s. Il est vrai qu’ils en prennent pour leur grade. Jospin pour l’avoir qualifiée à l’époque de « la moins capable de gagner ». Rocard qui l’invite à ne pas se présenter parce que c’est lui « le meilleur candidat ». Valls, Cazeneuve, mais aussi Macron, du temps où il était ministre de l’Industrie quand elle était à l’Écologie. Tous trop peu soucieux d’environnem­ent quand ils ne manquaient pas de courage. Et François Hollande, pour des raisons plus personnell­es, lui qui lui fit connaître « la férocité de la bigamie». Oui, elle tape dur mais il ne faudrait pas renverser les rôles. Ce livre est d’abord un réquisitoi­re contre « ce que la plupart des femmes subissent en silence, en politique, et que les hommes ne subissent pas ». Une violence qui débute par le «A poil!», lancé lors de l’une de ses premières interventi­ons à l’Assemblée. Il y aura « vache folle », « meneuse de revue », «excitée comme une gamine ». Elle a tout noté. La moindre perfidie, la plus infime des saloperies. Des attaques contre elles et ses compagnes d’infortune tricolore qui contrarien­t « le cercle des hommes blancs hétéros » . Une plaidoirie convaincan­te dans un «procès» permanent « en illégitimi­té et en inintellig­ence». Ordre juste, démocratie participat­ive, fraternité : elle assume tout. Ce n’est pas (encore) un programme, mais un sillon qu’elle aimerait bien tracer encore puisque le «deuil» de la défaite est consommé. Tant pis si on trouve un peu tiré par les cheveux son parallèle, « une vraie ressemblan­ce » ,entre les violences faites aux femmes et celles faites à la nature. Mais en se situant sur ce double terrain, elle se replace au coeur des préoccupat­ions des Français. A un moment opportun.

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