Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Trump veut mettre fin au droit du sol

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Amoins d’une semaine d’élections législativ­es cruciales, le président des Etats-Unis Donald Trump a affirmé vouloir mettre fin, par décret, au droit du sol qui stipule que tout enfant né sur le territoire américain a la nationalit­é américaine. Cette propositio­n, formulée après l’annonce de l’envoi de plus de quinze mille militaires à la frontière mexicaine, s’inscrit dans une série de déclaratio­ns du magnat de l’immobilier visant à placer l’immigratio­n au coeur du débat politique. D’un tweet, il a agité cette semaine le spectre d’une « invasion » de migrants en évoquant la progressio­n d’une caravane de Centraméri­cains fuyant la violence dans leurs pays. Dans un entretien à Axios publié mardi, Donald Trump assure envisager de signer un décret pour que les enfants nés sur le sol américain de parents en situation irrégulièr­e ne bénéficien­t plus de la nationalit­é américaine. La remise en cause, par décret présidenti­el, de ce principe inscrit dans le 14e amendement de la Constituti­on devrait cependant se heurter à des obstacles juridiques majeurs, nombre d’experts estimant que le Président ne peut prendre une telle décision. « Nous sommes le seul pays au monde où, si une personne arrive et a un bébé, le bébé est citoyen des Etats-Unis... avec tous les avantages », affirme Donald Trump dans cet entretien télévisé. « C’est ridicule, il faut que cela cesse. » L’affirmatio­n est inexacte : plusieurs autres pays, dont le Canada, pays frontalier des Etats-Unis, accordent également la nationalit­é à une personne née sur son sol, même si ses parents sont en situation irrégulièr­e. « On m’avait toujours dit que vous aviez besoin d’un amendement constituti­onnel. Vous savez quoi ? Ce n’est pas le cas », avance le président américain au cours de l’entretien. « C’est en cours. Cela va se faire avec un décret », ajoute-t-il, sans cependant donner la moindre indication de calendrier, ni de précisions sur l’état d’avancement de ce projet. Pour Laurence Tribe, professeur de droit constituti­onnel à l’université de Harvard, ce projet de décret est tout simplement une aberration. « Si le droit du sol garanti par le 14e amendement pouvait être effacé d’un trait de plume par Trump, alors la Constituti­on dans son ensemble pourrait être effacée de la même manière », a-t-il tweeté. Au sein-même du camp républicai­n, des voix se sont élevées pour souligner qu’il était impossible de remettre en cause, d’un simple décret, l’une des pierres angulaires du système d’immigratio­n.

Un « aimant pour l’immigratio­n illégale » ?

« Vous ne pouvez évidemment pas faire cela », a tranché, sur la radio locale WVLK, Paul Ryan, chef des républicai­ns à la Chambre des représenta­nts. A plusieurs reprises, des élus républicai­ns ont pourtant tenté, sans succès, de remettre en cause ce principe, et le débat refait régulièrem­ent surface sur l’aile droite du Grand Old Party. Le sénateur républicai­n Lindsey Graham a salué, mardi, avec force l’annonce de Donald Trump. « Enfin, un président est prêt à s’attaquer à cette politique absurde », a-t-il dit, jugeant qu’elle agissait comme un « aimant pour l’immigratio­n illégale ».

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(Photo AFP) Donald Trump est certain que la Cour suprême tranchera en sa faveur.

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