Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La châtaigne des Maures menacée d’extinction ?
Malgré de belles fêtes de la châtaigne, à Pignans, Gonfaron, Les Mayons, Camps, etc., les producteurs dressent un sombre état des lieux quant à l’avenir du fruit. Des solutions existent mais…
« Cela fait deux ans qu’on n’était pas venu sur le marché », avoue André Trotet, derrière son étal, sur le marché de producteurs aux Mayons. Faute de fruits à proposer… Cette année, la saison est satisfaisante. Depuis début octobre et l’ouverture des bogues, il a récolté 200 kg de production au tout début de la saison, mais depuis plusieurs dizaines d’années, la production chute irrémédiablement. Dans les années 50 encore, toute une économie était encore construite autour du fruit de l’arbre à pain. Le recours à une maind’oeuvre extérieure était nécessaire afin de récolter toute la production, tombée des arbres. Dans les Maures, on estime que 4 000 tonnes étaient ramassées à l’époque, contre 250 environ tonnes aujourd’hui (chiffres 2017). Première cause de cette chute : les épisodes répétés de canicule .« C’est terrible. J’ai 53 ans. Je ramasse des fruits depuis l’âge de 1314 ans et je n’ai jamais vu cela ! », explique Sonia Merlatti, qui exploite 3 à 4 hectares sur la commune du centre Var. « La chaleur, après fermentation, fait noircir la châtaigne enfermée dans ses deux peaux », explique Didier Magnin, producteur depuis 15 ans. Les prévisions pour les années à venir ne sont pas vraiment optimistes : les périodes de sécheresse ne vont pas régresser, ni en fréquence ni en intensité. Deuxième cause de perte de récolte : l’humidité .Les périodes de pluie qui ont suivi ont fait également de sérieux dégâts. « Sur 50 kg, il y en a 10 qui sont véreuses », constate M. Magnin. Autre phénonème, difficile à juguler par nature: le vieillissement des arbres. « Ici, les arbres ont 250 à 300 ans ! », estime Robert Portal, et c’est comme nous : à un certain âge, on s’épuise. Il faut nous laisser tranquilles… » S’ils semblent moins gourmands cette année, les sangliers peuvent dévorer jusqu’à la moitié de la production, assure Bruno Garnier, tout affairé, comme depuis 20 ans, à griller les châtaignes dans son grilloir. Les maladies et autres parasites représentent également une menace pour les exploitations. La châtaigne est régulièrement touchée par la maladie de l’encre, le carpocapse, le chancre de l’écorce (endothia) ou encore le cynips. C’est ce dernier que combattent les castanéiculteurs avec vigueur. Il s’agit d’une micro-guêpe qui pond dans les bourgeons, en conséquence de quoi elle divise la production par deux, voire plus. La seule méthode de lutte qui existe actuellement est biologique, par lâchers d’un autre parasitoïde, Torymus sinensis.