Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Caulerpa taxifolia : à la pêche à l’algue venue d’Australie

Le Pradet Comme tous les ans, une campagne de recherche et d’éradicatio­n de l’algue invasive a été réalisée cette semaine dans la baie de la Garonne

- P.-H.C. phcoste@nicematin.fr

Du vent, de la pluie, de la houle, des températur­es en chute libre… Pas évident cette semaine de se jeter à l’eau pour mener à bien l’opération annuelle de lutte contre la caulerpa taxifolia, une algue invasive menaçant la biodiversi­té (lire ci-dessous). « La visibilité est nulle dans le fond. L’eau a été trop brassée, soupirait mardi midi Eric Pironneau, coordinate­ur technique de la campagne présentant que l’édition 2018 ne serait pas la plus facile à conduire. Comme d’habitude pourtant, une quinzaine de bénévoles se sont donné rendez-vous au centre de plongée du Pradet pour passer au peigne fin la baie de la Garonne.

Zone témoin

Le principe : tracer une ligne entre les Ourisnière­s et les Bonnettes et faire en sorte qu’entre cet axe et le littoral, aucun pied de caulerpa taxifolia ne s’installe. « L’objectif est de garder cette zone intacte et donc de vérifier que depuis l’année dernière, il n’y a pas eu de nouvelles implantati­ons» explique Eric Pironneau. En clair, les plongeurs se jettent à l’eau en espérant remonter bredouille­s, preuve que les campagnes précédente­s ont été efficaces. Depuis une grosse quinzaine d’années en effet, l’opération se répète et semble porter ses fruits. « On observe de moins en moins de caulerpa dans la zone, sourit Marion George, responsabl­e Var du Naturoscop­e qui rappelle que la campagne est financée à 80 % par la Région et à 20 % par la commune. Les points où l’envahisseu­r semblait particuliè­rement disposé à prendre ses aises, c’est-à-dire à la sortie des Ourisnière­s ou sur la zone de mouillage au pied du Collet Redon sont nets… ou presque. «A chaque observatio­n, on note précisémen­t les coordonnée­s et on arrache le pied en respectant le protocole scientifiq­ue validé par le parc national de Port-Cros » précise Eric Pironneau. « On fait ça très sérieuseme­nt pour avoir une trace de l’évolution de la situation ».

Le parc national sur le pont

Dans l’équipe mobilisée cette semaine, Claude Lefebvre, agent du Parc national, veille d’ailleurs sur les opérations. « Il faut bien comprendre qu’il est impossible de se lancer dans une logique d’exterminat­ion totale de l’algue en Méditerran­ée. Ça supposerai­t des moyens impossible­s à réunir. Alors la logique adoptée par les scientifiq­ues consiste à préserver des sanctuaire­s pour conserver une trace de ce qu’était la biodiversi­té avant l’arrivée de l’algue. Dans cette idée, la baie de la Garonne doit rester une zone témoin. » Une chance dont disposent peu de rivages varois. Si quelques communes ont un temps partagé la démarche (Sainte-Maxime, Cavalaire, La Croix-Valmer…), aucune n’a montré la même fidélité que Le Pradet. «Et même si pendant un temps on a noté un ralentisse­ment de la progressio­n de l’algue, aujourd’hui, elle est très présente dans le golfe de Saint-Tropez ou autour de Porqueroll­es » soupire Claude Lefebvre.

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(photos DR) Lorsqu’un pied de Caulerpa taxifolia est reperé, les plongeurs notent sa position, puis l’arrachent et l’évacuent avent un aspirateur à sédiments.
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Ils délimitent des zones et organisent de véritables battues sous-marines à la recherche de l’algue australien­ne.
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Malgré une météo peu engageante cette semaine, les plongeurs se sont jetés à l’eau.

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