Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Nice : l’ancien maire Jean-Paul Baréty s’est éteint

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

La scène date d’un quart de siècle, quasi jour pour jour. Le 29 octobre 1993, Jean-Paul Baréty s’installe dans le fauteuil de maire de Nice. Il y siégera durant vingt mois. Originalit­é: cet avocat de 65 ans, issu d’une illustre famille niçoise, n’est pas passé par la voie des urnes. Mais son profil a inspiré un certain consensus pour assurer une période de transition, une phase de stabilisat­ion dans les remous de l’après-Médecin. Un quart de siècle plus tard, Nice dit adieu à l’un des hommes qui l’a dirigée. Jean-Paul Baréty s’est éteint à l’âge de 90 ans, ce vendredi aprèsmidi, dans l’élégant palais Baréty, rue du Maréchal-Joffre. «Un bel immeuble en pierre, dont les boeufs sculptés sous la toiture incarnent l’attachemen­t au terroir. À l’image de ces grandes familles bourgeoise­s de Nice qui ont des liens avec bon nombre de villages du haut-pays» , décrypte Jean-Paul David, actuel maire de Guillaumes (Alpes-Maritimes), naguère directeur de cabinet du maire Baréty. Né à Nice le 10 mars 1928, Jean-Paul Baréty hérite de sa famille le virus de la politique, autant que l’attachemen­t à ces racines qui s’étendent à Guillaumes, Puget-Théniers ou la Bollène-Vésubie. Son grand-père Alexandre et son père Henri ont exercé divers mandats locaux. Mais c’est son oncle Léon Baréty, ministre à plusieurs reprises, très proche de son neveu, qui accompagne­ra ses premiers pas en politique. Juriste de formation, ancien de la guerre d’Algérie et officier de réserve, l’avocat Baréty se lance dans l’arène politique en 1977, quand il intègre le conseil municipal de Nice. Il deviendra tour à tour adjoint au contentieu­x, aux affaires juridiques, puis aux travaux sous Jacques Médecin. Il exerce au passage les fonctions de conseiller régional (1986-1992), puis de député (1994-1997), succédant à un Christian Estrosi dont l’élection dans la 2e circonscri­ption a été invalidée. Ce gaulliste pur jus sera en outre secrétaire départemen­tal du RPR. En 1993, Nice traverse de nouvelles turbulence­s. Après le départ rocamboles­que de «Jacquou», son successeur Honoré Bailet démissionn­e, trahi par sa santé. «Les élus nationaux et locaux cherchaien­t un caractère qui pouvait identifier la ville de Nice et incarner l’honnêteté. Ils se sont retrouvés autour du nom JeanPaul Baréty, qui était l’image de la probité», se souvient Jean-Paul David.

Vecteur de confiance

Priorité absolue: assainir. Confronté à une dette colossale, Jean-Paul Baréty oeuvre en ce sens, en tandem avec l’adjoint aux finances Paul Guerrier. «Ils devaient avant tout redresser la ville de Nice et ramener de la confiance, même si Jean-Paul Baréty a assuré les projets en cours» ,explique son directeur de cabinet de l’époque. Nice redevient peu à peu fréquentab­le. Mais son maire inattendu n’aura pas le temps de mener sa mission plus loin. Le 25 juin 1995, Jean-Paul Baréty et son bras droit Patrick Stefanini s’inclinent au second tour des municipale­s face à un autre avocat, Jacques Peyrat (par 42,3 % contre 31,82 %), qui avait qualifié sa nomination de «nouveau replâtrage» .Désormais, Jean-Paul Baréty siège sur les bancs de l’opposition au conseil municipal. Lors des élections de 2001, il tente un ultime ticket avec Rudy Salles, puis jette l’éponge. Maire éphémère, mais politique au long cours, Jean-Paul Baréty aura défendu avec ardeur les valeurs nissardes, présidant durant quarante ans l’Academia nissarda (lire ci-dessous). L’associatio­n perd, elle aussi, «un homme déterminé, de valeurs, de conviction­s, toujours en harmonie avec ce qu’il pensait et prêt à l’exprimer avec force», résume Jean-Paul David. Un homme qui, aujourd’hui, laisse une soeur et ses trois neveux perpétuer la dynastie Baréty.

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(Photo archives Patrice Lapoirie) Jean-Paul Baréty, un homme de culture et d’élégance.

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