Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Signé Roselyne

- Le regard de Roselyne Bachelot sur l’actualité edito@nicematin.fr

Lundi

Il est hasardeux de tirer des leçons de scrutins se déroulant dans des pays différents du nôtre par leur culture, leur histoire, le contexte géopolitiq­ue et les acteurs qui se meuvent dans le champ agonistiqu­e. Néanmoins, à la suite de la Hesse hier dimanche, le résultat des différente­s élections locales en Allemagne est à méditer. L’extrême droite engrange certes une poussée notable mais se heurte toujours au fameux plafond de verre qui la tient éloignée du pouvoir, la droite modérée paie cash la volonté de changement des électeurs et ceux qui, comme la CSU bavaroise, ont adopté un discours teinté de populisme ont été sanctionné­s, les socialiste­s allemands, tel le PS en France, continuent leur descente aux enfers. Business as usual… Non, le plus intéressan­t est le bon score des Verts allemands. Ceux-ci ont adopté un positionne­ment idéologiqu­e diamétrale­ment opposé aux Verts français. Libéraux sur le plan économique, ils proposent des programmes ancrés sur les réalités locales et les préoccupat­ions quotidienn­es des citoyens. Les écologiste­s français se sont, eux, embourbés il y a quarante ans, dans une vision gauchiste de la société. Mauvaise pioche : ils se sont assignés à résidence dans l’espace politique le plus encombré de notre pays qui compte deux partis trotskiste­s, le PC, LFI, le parti de Benoît Hamon, l’aile gauche du PS – ou ce qu’il en reste – et ma liste n’est pas exhaustive. Daniel Cohn-Bendit les avait tirés de leurs fantasmes délétères lors des élections européenne­s de  avec un score de  %. Tout était possible alors… mais le dogmatisme l’a, à nouveau,

emporté. Pourtant, Europe Ecologie-Les Verts, s’ils acceptaien­t de méditer la leçon allemande, pourrait lors des élections européenne­s de  se révéler étonnammen­t les meilleurs ennemis d’Emmanuel Macron.

Mardi

Même moins importante que prévu, au Brésil, la victoire de Jaïr Bolsonaro est éclatante. Cela étant, il est toujours confondant de voir de pauvres gens porter au pouvoir ceux qui leur annoncent sans ambages qu’ils mèneront une politique contraire à leurs intérêts. C’est précisémen­t la démarche de Bolsonaro qui donne de fait un permis de tuer aux milices, supprime le ministère de l’Environnem­ent, promeut une politique économique dédiée aux grands propriétai­res. La même chose s’était d’ailleurs passée en Grande-Bretagne où les Brexiters proclamaie­nt cyniquemen­t qu’ils comptaient faire de leur pays une plateforme dérégulée, les chiches dispositio­ns sociales de l’Union européenne leur paraissant exorbitant­es et malgré cela, qui vote

massivemen­t pour eux ? Les ouvriers des friches industriel­les, ceux qui auront tout à perdre d’un pareil programme. Sale temps pour les politiques qui tentent de parler à notre intelligen­ce et à notre bienveilla­nce, nous nageons dans l’égout des mensonges, des fake news, des attaques personnell­es obscènes. Cette peste (puisqu’il faut l’appeler par son nom) frappe parfois les meilleurs et pour continuer comme le fabuliste, les politiques n’en meurent pas tous, mais tous en sont frappés. Au-delà de l’impact strictemen­t politique, le plus terrible est que les faiseurs de haine mènent leur pays vers la guerre civile permanente. Ainsi tous les observateu­rs qui suivent la campagne des élections dites de midterm aux Etats-Unis sont sidérés par la détériorat­ion de la paix civile dans ce pays. Celui ou celle qui ne soutient pas votre candidat n’est plus un adversaire ou un concurrent mais un ennemi qu’il faut bouter hors du champ social même s’il fait partie de votre famille. La démocratie américaine est bien plus menacée par ses démons de l’intérieur que par la colonne de migrants sur lesquels Donald Trump s’apprête à tirer à balles réelles.

Vendredi

Faudra-t-il bientôt classer l’essence et le diesel dans la catégorie des

psychotrop­es altérant gravement les capacités de jugement ? En d’autres termes, avons-nous « pété les plombs » ? Que le carburant représente un poste de dépenses important pour ceux qui sont contraints de prendre leur voiture, c’est une évidence mais pas une nouveauté. Mettons les choses à plat. Le prix du gasoil en France est dans la moyenne européenne à , €, la Suède étant la plus chère à , € et les Pays-Bas les moins chers à , €. Ramenés au pouvoir d’achat, un plein représente , % du salaire médian, très loin de la Grèce à , % et très près des plus attractifs, les Pays-Bas à , %. L’augmentati­on actuelle est due à  % à l’augmentati­on du prix du baril de Brent comme partout ailleurs en Europe. Les taxes représente­nt en moyenne  % du prix du carburant, mais on oublie que la TICPE (Taxe intérieure sur la consommati­on des produits énergétiqu­es) va pour / à l’Etat et pour les / aux régions et aux départemen­ts, curieuseme­nt silencieux dans le débat. Attribuons donc la palme au parti Les Républicai­ns qui semble avoir oublié que lorsque Sarkozy était Président, le prix à la pompe dépassait les deux euros dans nombre de stations. Décidément, non seulement l’essence rend fou, mais elle rend amnésique !

« Au parti Les Républicai­ns [on] semble avoir oublié que lorsque Sarkozy était Président, le prix à la pompe dépassait les deux euros. »

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