Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Michaël Latz: « Il faut donner du temps au temps »
Avec Fabien Matras, ancien maire de Flayosc obligé de démissionner une fois élu député de la 8e circonscription du Var, Michaël Latz, maire de Correns depuis 1995, a été l’un des tout premiers élus varois à s’engager derrière Emmanuel Macron. Absolument pas par calcul –« sinon je me serais présenté aux législatives avec de bonnes chances d’être élu», se défend l’intéressé – mais par conviction. « J’étais persuadé que Macron serait le meilleur rempart contre le Front national. Je ne me suis pas trompé: le FN n’a eu aucun élu à l’Assemblée nationale dans le Var », se réjouit-il encore aujourd’hui. Alors qu’il effectue son dernier mandat, Michaël Latz, 68 ans, se félicite également du vent de fraîcheur qui a balayé le paysage politique français au printemps 2017. « Emmanuel Macron représente un changement fondamental de personnels politiques. Grâce à lui, on a assisté à l’avènement d’une nouvelle génération d’élus, pour la plupart issus de la société civile . »
Manque de pédagogie
Aussi, à l’heure de dresser un premier bilan de la politique menée par le chef de l’État, on comprend mieux la «réserve» dont il fait preuve. «Il faut faire attention de ne pas être trop critique. Il faut donner du temps au temps. Il est encore un peu tôt pour mesurer les premiers résultats, notamment sur la politique économique », commente Michaël Latz. Mais s’il est indulgent, le « sage » de Correns n’est pas aveugle. « Les questions environnementales, l’un des grands enjeux des dix prochaines années, ne constituent clairement pas un axe majeur de la politique d’Emmanuel Macron », regrette le maire du « premier village bio de France ». Autre exigence : « La dimension sociale de la politique du Président doit apparaître avec plus de force ». Voilà pour le fond. Sur la forme, « Macron manque de pédagogie depuis qu’il est élu. C’est son côté jupitérien », constate Michaël Latz. Avec un bémol cependant : « La Ve République fait que la France n’est pas un pays de compromis ». Des circonstances atténuantes qui n’excusent pas tout. Michaël Latz ne comprend pas comment Emmanuel Macron a aussi rapidement enfilé le costume de « président monarque ». Et de s’interroger : « La République en marche est un mouvement composé de gens qui, pour une écrasante majorité, ne sortent pas des partis politiques classiques. C’est une chance incroyable. Pourquoi Emmanuel Macron n’utilise-t-il pas davantage cette force ? »