Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les gendarmes à l’heure du portrait-robot 2.0

La Valette Seul spécialist­e varois du nouveau logiciel de portrait-robot de la gendarmeri­e, l’adjudant-chef Christophe Peigne forme ses confrères de la région à ce nouvel outil révolution­naire

- LAURY HOLSTE

Ce mardi matin, ils sont deux gendarmes, du groupement de SainteMarg­uerite à Nice, à venir rencontrer l’adjudant-chef Peigne, à La Valette, pour se former au nouveau logiciel de portrait-robot de la gendarmeri­e : EFIT 6.

Un nouvel outil reçu en juin

Seul portraitis­te robot du Var, le Valettois est également référent au niveau de la région et fait partie des vingt-deux gendarmes, au niveau national, à savoir se servir de ce nouveau « bijou technologi­que ». « Pendant trois jours, j’ai été formé à Paris à ce nouvel outil, que nous avons reçu en juin dernier, par un ancien portraitis­te robot de Scotland Yard, explique l’adjudantch­ef. Maintenant, je vais apprendre, à la douzaine de portraitis­tes de la région Paca, comment utiliser ce logiciel.»

De grandes avancées

Devant leurs ordinateur­s portables, les deux Niçois testent les nouvelles fonctionna­lités de l’outil, aiguillés par Christophe Peigne. « C’est génial ! On diminue le temps que nous mettions à faire un portrait, tout en gagnant en qualité. On peut absolument tout affiner», raconte l’adjudant azuréen Pierrick Dudoret. C’est d’ailleurs la véritable avancée technologi­que du nouveau programme de la gendarmeri­e. « Avant, notre logiciel ne faisait que des portraits en noir et blanc. Il y avait seulement trois ethnies disponible­s et les coupes de cheveux dataient des années 1960, précise le référent. Aujourd’hui, tout se fait en couleur. C’est l’équivalent d’une photo. L’outil propose douze ethnies différente­s, qui peuvent être mixées pour créer du métissage.» Et cette avancée technologi­que permettra aux portraitis­tes de mettre au point les trente à trente-cinq portraits, réalisés chaque année en moyenne dans le Var, de façon plus fiable.

Une bascule dans le monde de l’enquête

« Je fais autour de deux portraits-robots par mois dans le départemen­t, poursuit l’adjudant-chef Peigne. Mais ce n’est pas notre seule activité. Nous faisons partis des TIC (technicien­s d’identifica­tion criminelle, Ndlr) et notre champ d’action numéro un reste la scène de crime. » Deux activités différente­s qui permettent au Varois, tout comme aux Niçois, de ne pas faire « que de la constatati­on » et de faire la bascule dans le monde de l’enquête de façon différente. « Quand nous intervenon­s sur une scène de crime, nous sommes un peu hermétique­s à ce qui nous entoure, nous ne pouvons pas faire preuve d’empathie. On laisse l’aspect affectif de côté, précise l’officier de police judiciaire niçois Michel Gerber. Malgré tout, on a tous cette fibre d’enquêteur. La réalisatio­n de portrait-robot nous permet de prendre part à l’investigat­ion d’un point de vue humain et non pas que par le relevé de preuves.»

Un élément fiable mais pas infaillibl­e

Réaliser un portrait-robot est une étape parfois cruciale dans la recherche d’un coupable. Cruciale certes, mais pas infaillibl­e. « On amène un élément d’enquête, mais ça ne se finit pas là, tient à préciser le gendarme varois. Ce n’est pas parce qu’on a un portraitro­bot que c’est forcément le coupable et que l’enquête s’arrête là. Il y a ensuite une étape de contrôle faite par les enquêteurs. Et puis, s’il y a plusieurs témoins et donc plusieurs portraits-robots, le problème se complique.» Car comme le rappellent les trois technicien­s, « chacun a une vision et une interpréta­tion des choses différente­s, ce qui rend parfois le travail plus complexe.» « On préfère éviter de faire plusieurs portraits sur la même enquête, explique l’adjudant Dudoret. Car quand on fait, par exemple, trois portraits sur la même affaire, on peut avoir des résultats complèteme­nt aléatoires et différents. Le témoin 1 a vu une couple de cheveux complèteme­nt différente de ce qu’a noté le témoin 2, etc.»

Un outil européen

Si aujourd’hui, la France se forme à ce nouveau programme de portrait-robot, le pays n’est pas le seul à l’utiliser. « Comme cet outil peut être modifié en permanence, c’est une petite révolution dans le monde du portrait-robot, explique l’adjudant Peigne. Utilisé en premier par les forces de l’ordre anglaises, EFIT 6 est désormais employé par une douzaine de polices européenne­s. » Et cette révolution numérique ne devrait pas s’arrêter là selon le Varois. « On se forme, pour le moment, à l’utilisatio­n des modules de ce logiciel, mais on devrait bientôt pouvoir se rapprocher encore un peu plus de la réalité. On pourra, normalemen­t, bientôt travailler sur des profils en 3D ! » De quoi faire grandement évoluer la réalisatio­n de portrait-robot version… 2.0.

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(Photos Patrick Blanchard) L’adjudant-chef Christophe Peigne forme les portraitis­tes robots de la région Paca au nouveau logiciel utilisé aujourd’hui par une douzaine de polices européenne­s.

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