Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Christophe Charrier et son Jonas bientôt dans la petite lucarne

Le film du Toulonnais, entièremen­t tourné en bord de rade, sera diffusé le 23 novembre sur Arte. Il a déjà remporté trois prix, dont celui de meilleur film au Festival de fiction de La Rochelle

- PROPOS RECUEILLIS PAR VIRGINIE RABISSE vrabisse@varmatin.com

Applaudiss­ements nourris dans la salle 1 du cinéma Le Royal. Le générique de Jonas défile devant une grosse centaine de spectateur­s. Des proches de l’équipe qui ont eu droit à une projection privée, après avoir pris place dans les fauteuils rouges. Ceux-là mêmes sur lesquels, il y a dix-huit mois, deux des acteurs principaux se sont assis pour la première scène tournée par le Toulonnais Christophe Charrier. Son premier long-métrage, produit par la société En Compagnie des lamas, avec la chaîne Arte et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a en effet été intégralem­ent filmé à Toulon et dans ses alentours. Après cette projection familiale (lire ci-dessous), nous avons rencontré le réalisateu­r.

Vous avez écrit et réalisé ce premier long-métrage, qui se déroule dans votre ville. On pourrait donc croire qu’il est autobiogra­phique, mais ce n’est pas le cas. De quoi parle-t-il?

Ce n’est effectivem­ent pas autobiogra­phique, mais il y a des éléments de ma vie que je tords, que je transforme. Je me suis inspiré de ma famille, de mes ressentis. En fait, Jonas parle de beaucoup de choses: des premiers amours, des marques que laisse l’adolescenc­e, de l’abandon et sûrement un peu de la lâcheté aussi. Des aspects que je voulais rendre romanesque­s. Or l’adolescenc­e est une période très romanesque.

L’intégralit­é de est donc tournée à Toulon. Pourquoi?

Jonas Quand j’ai commencé à écrire, je suis parti de la structure que je voulais donner au film: un peu comme deux épisodes de séries mis bout à bout. Et puis, au fur et à mesure, les lieux que j’imaginais étaient ceux que j’ai moi-même connus adolescent, comme l’institut Notre-Dame, où j’ai fait toute ma scolarité. Toulon a quelque chose d’intemporel­le et je voulais la filmer. Nous avons beaucoup tourné dans des rues dont l’éclairage est orange: je voulais donner cette teinte chaude au film.

Et pourtant, le public qui ne connaît pas la ville ne saura pas que c’est Toulon, puisque son nom n’est jamais cité…

Un de mes films préférés, c’est Seven (de David Fincher, Ndlr). Or, on ne sait pas où ça se passe. En réalité, peu importe où ça se situe: l’histoire pourrait se dérouler n’importe où.

La plupart de vos acteurs ne sont pas connus, voire pas profession­nels. Mais, outre Félix Maritaud, qu’on a notamment vu

dans de Robin Campillo, Grand Prix du Festival de Cannes, vous vous offrez les services d’Aure Atika ou d’Alex Beaupain pour la musique. Des figures! Comment cela s’est-il fait?

 Battements par minutes Aure Atika, on pensait vraiment qu’elle serait parfaite pour ce rôle – et c’est le cas! – donc on lui a envoyé le scénario. Elle l’a lu en  heures et a tout de suite accepté. Quant à Alex Beaupain, on se connaît depuis longtemps: il a composé la musique de mes deux courts-métrages.

En septembre, au Festival de la fiction de La Rochelle, Jonas a remporté trois prix – meilleur

film, meilleur réalisateu­r et meilleure musique. Au-delà de la reconnaiss­ance de votre travail, qu’apportent ces récompense­s au film?

C’est une lumière qui se polarise sur le film, un écho très fort. Le Festival de La Rochelle est le plus important pour la fiction à la télévision. Jusqu’ici, on a eu un très bon accueil critique et le nom du film commence à être un peu connu. Mais nous commençons vraiment la promotion cette semaine.

Au cinéma, on mesure le succès d’un film au nombre d’entrées. À la télévision, à l’audience réalisée. Avez-vous en tête un chiffre que vous aimeriez atteindre?

Ce serait formidable d’atteindre le million de téléspecta­teurs. On aura une multidiffu­sion sur Arte, y compris en Allemagne. Le film sera ensuite disponible à la demande, probableme­nt pendant un mois, et sa sortie en DVD est prévue pour décembre.

Jonas sera donc diffusé le  novembre, à h, sur Arte. Or, au départ, ce devait être sous le

Game Boy (Var-matin du  août ).

changement? Pourquoi ce

C’est vrai que la Game Boy est très présente, c’est un peu un totem. Mais pour des raisons juridiques, ce n’était pas évident. Et puis, c’est bien l’histoire de Jonas qu’on raconte: je préfère ce titre-là cent fois!

Désormais, quels sont vos projets?

Un nouveau scénario est en cours d’écriture: on en est au tout début et il évolue encore. Donc pour le moment, je peux seulement dire que ce sera de nouveau un portrait, qui portera plutôt sur l’acceptatio­n de l’échec, cette fois-ci sans flashback. Je ne veux pas me répéter.

J’imaginais les lieux que je connais ”

C’est pour ça aussi que le tournage, au mieux fin , n’aura pas lieu à Toulon.

 ?? (Photo Frank Muller) ?? C’est devant ce mur – l’arrière du théâtre Liberté – que Christophe Charrier a tourné plusieurs scènes de Jonas.
(Photo Frank Muller) C’est devant ce mur – l’arrière du théâtre Liberté – que Christophe Charrier a tourné plusieurs scènes de Jonas.
 ?? (Photo DR) ?? Intense Félix Maritaud, dans le rôle de Jonas, trentenair­e marqué par un événement, dont la découverte est tout l’enjeu du film.
(Photo DR) Intense Félix Maritaud, dans le rôle de Jonas, trentenair­e marqué par un événement, dont la découverte est tout l’enjeu du film.

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