Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Assises : un meurtre sans cadavre dans l’Ouest-Var
En ouverture de sa neuvième session, la cour d’assises du Var consacre, dès aujourd’hui, sept jours à un procès pour meurtre en bande organisée. Quatre accusés seront dans le box
Une bien curieuse affaire de meurtre en bande organisée ouvre aujourd’hui la neuvième session de la cour d’assises du Var pour l’année 2018. Celle-ci durera trois semaines, au palais de justice de Draguignan, et comportera trois dossiers criminels. Les débats seront présidés dans un premier temps par le conseiller François Guyon.
Entre l’Ouest-Var et Marseille
Première difficulté dans l’affaire de meurtre, qui durera sept jours, le corps de la victime n’a jamais été retrouvé. Donc, pas d’autopsie pour déterminer les causes de la mort. Le mobile du crime n’est pas non plus très précis. Il serait lié à un trafic de machines à sous dans la région de Saint-Maximin. Peut-être aussi serait-il lié au fait que la victime tenait rancune à l’un des accusés de ne pas l’avoir soutenu financièrement lors de sa détention. Enfin, si la victime demeurait à Pourrières, les faits criminels se sont déroulés dans le 13e arrondissement de Marseille. C’est la compagne de Christophe Bourletsis, alias « Toche », 40 ans, qui a signalé, fin septembre 2014, aux gendarmes de Saint-Maximin, la disparition inquiétante de son compagnon. Elle avait perdu tout contact avec lui depuis le 2 juillet, où il lui avait téléphoné vers 22 h 30. Il est vite apparu que Christophe Bourletsis n’avait plus donné signe de vie à partir de ce moment.
Piégé dans un garage
Après les témoignages des proches du disparu, plusieurs mois d’écoutes téléphoniques et d’investigations techniques ont conduit à la conclusion que Christophe Bourletsis avait été victime d’un guet-apens. Après des dégradations sur sa voiture, commises par une de ses relations, Alain Dinucci, il avait quitté le Var le 23 juin 2014, pour trouver refuge dans sa famille dans les Bouches-du-Rhône. Selon l’enquête, Alain Dinucci le cherchait pour régler un contentieux, en vain. Une semaine plus tard, une rencontre avait eu lieu à Trets, au restaurant des Dinucci père (Christian) et fils, avec Mourad Bouzidi et Ahmed Cheref. Il y avait été décidé d’attirer Christophe Bourletsis, sous un prétexte quelconque, au domicile de Mourad Bouzidi à Marseille. C’est dans le garage de cette maison du 13e arrondissement que la victime aurait été sévèrement battue le soir du 2 juillet, peut-être à mort. Certains des protagonistes ont reconnu avoir été présents ce soirlà, mais tous ont nié avoir commis un crime, ou s’être débarrassés d’un corps. Ils seront quatre dans le box, à répondre de meurtre en bande organisée : Ahmed Cheref, Alain Dinucci, Christian Dinucci (complicité) et Mourad Bouzidi. La défense réunira Mes Julien Pinelli, Alain Baduel, Perez, Eric Scalabrin, Lionel Ferlaud, Thierry Ospital et Noachovitch. Mes Alexandra Granier, Coline Martin et Ramos représenteront les parties civiles.