Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Guet-apens de l’ouest-Var : climat de pression au procès

Devant la cour d’assises du Var, le père du disparu a fait part des tensions que ressentaie­nt les parties civiles. Le président a dû suspendre l’audience après une expulsion dans le public

- G. D.

Au troisième jour du procès du guet-apens de l’ouest-Var (lire nos éditions précédente­s), l’audience de la cour d’assises a été suspendue prématurém­ent hier soir, en raison d’un incident. Dérangé par le comporteme­nt, dans le public, d’une dizaine de personnes en apparence favorables aux accusés Alain et Christian Dinucci, le président Guyon a indiqué qu’elles troublaien­t la sérénité des débats. Une réflexion qui a manifestem­ent irrité un de ces hommes, qui a protesté. Il a continué à le faire quand le service d’ordre lui a fait quitter non sans mal le prétoire, à la demande du président. Devant ces débordemen­ts, les débats ont été suspendus. Ils reprendron­t ce matin à 9 heures. En début de journée, un expert a confirmé que du sang avait été retrouvé dans le garage de la villa de Mourad Bouzidi. Une villa du 13e arrondisse­ment de Marseille, où se trouvait vraisembla­blement Christophe “Toche ” Bourletsis le soir du 2 juillet 2014, jour de sa disparitio­n. Pour s’en assurer, il avait fallu retirer le carrelage, posé le surlendema­in par un parent d’Ahmed Cheref. On n’a pas retrouvé l’ADN du disparu dans les prélèvemen­ts faits à cette occasion. L’ex-compagne de Mourad Bouzidi a expliqué qu’elle était couchée dans sa villa le soir du 2 juillet 2014, quand elle avait été réveillée par de grands bruits, « comme si on fracturait la porte du garage ». Elle s’était approchée de la fenêtre et, à travers les persiennes, avait vu devant le garage deux hommes charger un sac dans le coffre d’une voiture. «L’un d’eux a dit à l’autre: “Attention à la tête ”. Ils sont partis, et après Mourad Bouzidi a commencé à nettoyer le garage. Il m’a dit qu’il n’avait pas eu le choix, qu’on l’avait menacé. »

« Alain le cherchait pour le tuer »

Le 23 juin 2014, après que sa voiture a été dégradée par Alain Dinucci devant son domicile, Christophe Bourletsis avait quitté précipitam­ment Pourcieux, pour trouver refuge chez sa nièce à Marseille. Celle-ci a indiqué que le lendemain soir, vers minuit, elle avait assisté à une dispute de son oncle au téléphone avec quelqu’un, pendant près de vingt minutes. « Ils criaient, ils s’insultaien­t. Mon oncle n’arrêtait pas de l’appeler Alain. Il m’a expliqué après que c’était Alain Dinucci, qui le cherchait pour le tuer. » Le compagnon de la jeune fille avait lui aussi assisté à cette scène, dont Alain Dinucci a soutenu qu’elle n’avait jamais eu lieu. «Ça criait au téléphone. J’ai entendu l’autre dire qu’il allait venir attraper Christophe. » Athanase Bourletsis a évoqué la mémoire de son fils, «pas un ange, mais pas un mauvais garçon ». Il a aussi indiqué à l’avocat général que depuis le début de l’audience, il ressentait un climat de pression. Qu’attendait-il de ce procès ? «Tout ce qui m’intéresse, c’est qu’on me rende le corps de mon fils. Que je puisse faire quelque chose de bien pour l’enterrer, pour mes petits-enfants. » La cour entendra aujourd’hui les témoins qui n’ont pu l’être hier. Et les quatre accusés seront à nouveau entendus sur les faits.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) La défense d’Ahmed Cheref est assurée par Me Julien Pinelli.

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