Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La polémique Pétain

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Le périple d’Emmanuel Macron sur les traces de la Grande Guerre a était perturbé, hier, par une nouvelle controvers­e autour du chef de l’Etat sur l’opportunit­é de rendre hommage à Pétain à l’occasion du centenaire de la fin de la Première mondiale. Juste avant le Conseil des ministres délocalisé à Charlevill­e-Mézières [Voir en encadré], Emmanuel Macron avait jugé « légitime » de rendre hommage au maréchal Pétain samedi, arguant que le chef du régime de Vichy avait été « pendant la Première guerre mondiale un grand soldat » avant de conduire «des choix funestes » pendant la Seconde en collaboran­t avec le régime nazi.

« Je ne pardonne en rien »

« Je ne pardonne en rien mais je ne gomme rien de notre histoire », a assuré le chef de l’Etat. «Il y a eu des hauts faits de guerre mais il y a eu une forfaiture dans la Seconde Guerre mondiale», a-t-il ajouté. Avec les sept autres maréchaux de la Grande Guerre, Philippe Pétain sera ainsi célébré samedi aux Invalides, lors d’une cérémonie à laquelle participer­ont les plus hauts responsabl­es militaires français. « Il est légitime que nous rendions hommage aux maréchaux qui ont conduit l’armée à la victoire, comme chaque année. Mon chef d’état-major sera présent à cette cérémonie », a dit Emmanuel Macron, interrogé par des journalist­es. « Il ne faut pas faire de raccourcis douteux. Pétain a servi la patrie en 14 et l’a trahie en 40 », a renchéri le porte-parole du gouverneme­nt, Benjamin Griveaux, avant de citer une phrase du Général de Gaulle en 1966 sur Pétain selon lequel « sa gloire à Verdun ne saurait être contestée ni méconnue par la Patrie ». Les propos d’Emmanuel Macron ont suscité de nombreuses critiques, notamment de la part du Conseil représenta­tif des institutio­ns juives de France (Crif) qui s’est dit « choqué ». « La seule chose que nous retiendron­s de Pétain, c’est qu’il a été, au nom du Peuple français, frappé d’indignité nationale lors de son procès en juillet 1945 », a déclaré son président, Francis Kalifat, cité dans un communiqué. Plusieurs élus, surtout à gauche, ont également protesté. « Le maréchal #Joffre est le vainqueur militaire de la guerre de 14-18. #Pétain est un traître et un antisémite. Ses crimes et sa trahison sont imprescrip­tibles. Macron, cette fois-ci, c’est trop ! L’Histoire de France n’est pas votre jouet », a tweeté le chef de file de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

« Une honte »

L’ex-candidat PS à la présidenti­elle Benoît Hamon, fondateur du mouvement Génération­s, a estimé que « rien ne justifie une telle honte ». Cette polémique est une nouvelle source d’embarras pour l’exécutif au beau milieu de « l’itinérance mémorielle » entamée dimanche à Strasbourg par Emmanuel Macron et qui se terminera ce week-end par les célébratio­ns du centenaire en présence d’une soixantain­e de dirigeants étrangers.

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