Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Evacuation­s et relogement­s dans un immeuble en péril

Draguignan Hier soir, le maire Richard Strambio a signé un arrêté de péril valant expulsion des locataires d’un immeuble menaçant ruine dans le centre ancien. Quid des marchands de sommeil ?

- P. J.

L

e drame de Marseille n’est sans doute pas étranger à l’attention particuliè­re que les élus ont portée, hier matin, à un immeuble menaçant ruine, rue de l’Observance. Pour autant, il serait trop facile de prétendre que le premier magistrat et ses services ont découvert le problème, au hasard d’une balade dans la rue. Parce que ce « bloc», l’îlot Courtiou, était déjà répertorié dans les fichiers communaux comme faisant partie des habitats insalubres. Donc voués à la destructio­n, sauf à ce que leurs propriétai­res daignent y investir, tant dans les parties communes que dans les logements privatifs. Ce n’est évidemment pas le cas dès lors que dans la majorité des cas, ce type d’habitat est géré par des marchands de sommeil, tout et trop puissants, qui font bonne fortune sur le dos de pauvres hères. Le drame, c’est que ce sont ceuxlà que l’on va intimer de quitter des lieux dont ils pourraient faire leur tombe en y demeurant. Hier soir, alors que la nuit était… tombée, on a ainsi signifié à ces « galériens» qu’ils devaient quitter leurs murs aussi branlants que souvent sales et nauséabond­s. Pour être relogés : où et pour combien de temps ? On ne reprochera jamais, à l’aune de la catastroph­e phocéenne, au maire de la ville d’avoir brandi le principe de précaution en faisant avaliser par la préfecture son attention face au péril. D’autant que le premier magistrat s’est toujours élevé contre les délinquant­s de l’immobilier, et avait d’ailleurs trouvé une oreille très attentive auprès de feu le procureur de Draguignan, Yvan Auriel pour combattre la fibre esclavagis­te d’individus sans scrupule. Mais le temps de la justice n’est pas celui du quotidien, pas plus que celui de l’immobilier et des investisse­ments qu’ils supposent. Et l’on se met – si l’on veut – à la place de ces gens qui vont se retrouver à la rue ce soir ou demain. Partagés entre la misère de logements aux loyers tout aussi misérables, et la perspectiv­e d’en… déloger un, à un prix respectabl­e. On l’aura compris, tout cela n’est pas facile. D’un côté comme de l’autre. Mais, ce qui est certain, c’est que les coupables sont forcément connus et que c’est sur eux que l’on doit porter les foudres. Et nantir, s’il le faut, d’un logement, certes plus étriqué, dans une geôle, payée, elle, par la République !

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