Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«Ilyamonchi­en dans l’appartemen­t ! »

- ROMAIN ALCARAZ

Il est environ 18h, hier soir, quand la sentence tombe : l’évacuation du 48, rue de l’Observance est décidée. «Péril imminent », explique le communiqué de la mairie. En gros, l’immeuble peut tomber à tout moment. Le drame de Marseille est encore dans toutes les têtes. Et quand on voit l’état du couloir qui permet d’accéder aux appartemen­ts, on se dit effectivem­ent que ce n’est qu’une question de temps avant que ne s’écroule l’édifice. Tout cela, Laurence-Marie n’y pense pas trop. Elle vient de découvrir les bandelette­s de police qui barrent l’entrée de son immeuble. «Je suis parti faire des courses, et voilà!» Les policiers municipaux lui expliquent qu’elle devra dormir ailleurs ce soir. Et les autres soirs aussi. « Mais il y a mon chien dans mon appartemen­t!» Pour l’instant, on attend. Et pour ne rien arranger, une pluie fine commence à tomber. «L’arrêté de péril ne nous est pas encore parvenu», explique un agent de la police municipale, bientôt rejoint par ses collègues de la « nationale ». Le temps pour Laurence-Marie de montrer de sérieux signes d’angoisses. «En plus de mon chien, j’ai mes papiers dedans, mon portable. Et mes médicament­s pour le coeur…»

«Je ne me sentais plus en sécurité »

Avant de pouvoir entrer dans l’immeuble, Laurence-Marie fait le tour du propriétai­re. Longeant l’îlot, elle nous montre l’arrière de la bâtisse. Plus encore que devant, où les énormes fissures zigzaguent entre les morceaux de façades qui menacent de s’effondrer, on découvre un mur presque nu, accolé à la parcelle voisine, dont on se demande comment elle tient debout. «Le 46 est vide», explique la locataire. Et effectivem­ent, un arrêté de péril pour la constructi­on mitoyenne empêche quiconque d’y entrer. « C’est vrai que depuis les récentes grosses pluies, je ne me sentais pas en sécurité», concèdet-elle. Retour au 48. Dans cet immeuble, confie Laurence-Marie, il y a quatre foyers, elle y compris. Personne ne dormira là ce soir. Un peu plus tard, un jeune homme arrive, reçu immédiatem­ent par la police municipale. Il devra lui faire ses bagages. Les agents de police reprennent « Vous savez où dormir ce soir ? » «En ce qui me concerne, répond la locataire, je vais me loger chez des amis. La mairie m’a proposé un hôtel, mais ils n’acceptent pas les chiens là-bas. » Il est 19 h, et enfin, elle accède à son logement. Accompagné­e par les forces de l’ordre, elle disparaît dans l’entrebâill­ure de la porte d’entrée. Un quart d’heure plus tard, elle ressort, précédée par son chien, Bonnie. « J’ai pris des affaires en vrac, je n’avais pas les idées claires», souffle-t-elle, traînant du bout de ses bras deux énormes sacs. Aujourd’hui, elle rencontre les services de la Ville, pour évoquer la suite des événements. Une suite qui s’inscrit loin du 48, rue de l’Observance.

 ?? (Photos Philippe Arnassan) ?? Laurence-Marie vient d’avoir accès à son logement. Elle ressort avec Bonnie, son chien, resté jusqu’à présent dans l’appartemen­t. À droite, le couloir de l’immeuble.
(Photos Philippe Arnassan) Laurence-Marie vient d’avoir accès à son logement. Elle ressort avec Bonnie, son chien, resté jusqu’à présent dans l’appartemen­t. À droite, le couloir de l’immeuble.

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