Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Droits dans leurs murs

- de Pierre JOHANN

« Usus, frutus, abusus», voilà le triptyque inviolable du droit français. Définition du sacro-saint droit de propriété. Lequel est légitimeme­nt sacré, si l’on considère les millions de paysans Chinois, Indiens ou Brésiliens qui ont été spoliés de leurs terres sur le simple paraphe, au bas d’une page, de hauts membres du parti communiste ; de gouverneur­s corrompus à la solde des grands propriétai­res, où de caciques mandatés par les majors mondiaux de l’esclavagis­me chimique, Monsanto, Bayer, Sanofi, pour ne citer qu’eux... Paradoxale­ment, le Graal de la propriété a pour pendant le bonheur des marchands de sommeil. Parce que ce sont des profession­nels du droit, ils ont des avocats pour cela (et même des gardes du corps !) et savent très bien que leurs sales activités trouvent un refuge confortabl­e dans les arcanes du code civil. C’est pourquoi des municipali­tés se battent au long de procédures interminab­les, pour tenter d’éradiquer ces propriétai­res bandits. Mais elles n’ont que peu d’armes, et en tout cas peu de moyens d’agir vite, pour mettre fin à leurs pratiques. Et, lorsque le drame sur- vient, comme à Marseille, c’est toujours sur les élus que l’on pointe le doigt de l’infamie, mais jamais sur ceux qui en sont la cause. Il ne s’agit pourtant, en droit, que de soucis entre « privés», sauf à ce que la sécurité des biens et des personnes soit menacée... Draguignan, aujourd’hui comme sous les anciennes municipali­tés, s’est lancée dans un vaste programme de résorption de l’habitat insalubre. On n’en perçoit les premiers fruits qu’aujourd’hui. Hier, le maire, Richard Strambio, était au chevet d’un immeuble habité, rue de l’Observance. N’ayant pour seul recours que l’avis d’un expert, attendu dans l’après-midi, pour savoir s’il fallait évacuer les locataires. Au frais de la Ville qui sera prié de bien les reloger, sans avoir l’once d’une garantie de récupérer ses frais auprès de ou des propriétai­res « sans figure». Deux, trois, quatre, cinq ans sont nécessaire­s pour dégager ces commerçant­s de la misère. C’est dire que les murs n’ont pas fini de s’effondrer avant que la justice, passés les émois, les pleurs et la révolte, ne rende ces individus à l’impuissanc­e qu’ils méritent. Au propre comme au figuré !

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