Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Droits dans leurs murs
« Usus, frutus, abusus», voilà le triptyque inviolable du droit français. Définition du sacro-saint droit de propriété. Lequel est légitimement sacré, si l’on considère les millions de paysans Chinois, Indiens ou Brésiliens qui ont été spoliés de leurs terres sur le simple paraphe, au bas d’une page, de hauts membres du parti communiste ; de gouverneurs corrompus à la solde des grands propriétaires, où de caciques mandatés par les majors mondiaux de l’esclavagisme chimique, Monsanto, Bayer, Sanofi, pour ne citer qu’eux... Paradoxalement, le Graal de la propriété a pour pendant le bonheur des marchands de sommeil. Parce que ce sont des professionnels du droit, ils ont des avocats pour cela (et même des gardes du corps !) et savent très bien que leurs sales activités trouvent un refuge confortable dans les arcanes du code civil. C’est pourquoi des municipalités se battent au long de procédures interminables, pour tenter d’éradiquer ces propriétaires bandits. Mais elles n’ont que peu d’armes, et en tout cas peu de moyens d’agir vite, pour mettre fin à leurs pratiques. Et, lorsque le drame sur- vient, comme à Marseille, c’est toujours sur les élus que l’on pointe le doigt de l’infamie, mais jamais sur ceux qui en sont la cause. Il ne s’agit pourtant, en droit, que de soucis entre « privés», sauf à ce que la sécurité des biens et des personnes soit menacée... Draguignan, aujourd’hui comme sous les anciennes municipalités, s’est lancée dans un vaste programme de résorption de l’habitat insalubre. On n’en perçoit les premiers fruits qu’aujourd’hui. Hier, le maire, Richard Strambio, était au chevet d’un immeuble habité, rue de l’Observance. N’ayant pour seul recours que l’avis d’un expert, attendu dans l’après-midi, pour savoir s’il fallait évacuer les locataires. Au frais de la Ville qui sera prié de bien les reloger, sans avoir l’once d’une garantie de récupérer ses frais auprès de ou des propriétaires « sans figure». Deux, trois, quatre, cinq ans sont nécessaires pour dégager ces commerçants de la misère. C’est dire que les murs n’ont pas fini de s’effondrer avant que la justice, passés les émois, les pleurs et la révolte, ne rende ces individus à l’impuissance qu’ils méritent. Au propre comme au figuré !