Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Guet-apens aux assises : un témoignage d’outre-tombe

La soeur de Christophe Bourletsis a livré à la cour le récit du crime. Un proche d’Alain Dinucci lui avait affirmé l’avoir reçu de sa propre bouche en confidence. Il a connu une mort violente

- G. D.

Dans l’affaire de la disparitio­n de Christophe « Toche » Bourletsis le 2 juin 2014 à Marseille, après qu’il a quitté son domicile de Pourcieux une semaine auparavant, la cour d’assises du Var a entendu hier plusieurs témoins (lire nos éditions précédente­s). Dans le box, Alain Dinucci et son père Christian, respective­ment accusés de meurtre en bande organisée et de complicité, ont redit qu’ils n’avaient rien à voir avec cette disparitio­n. À leurs côtés, Mourad Bouzidi et Ahmed Cheref sont également poursuivis pour meurtre aggravé. Ils ont dit qu’ils s’étaient retrouvés entraînés, sous la menace, dans une affaire criminelle qui ne les concernait pas, et dans laquelle ils n’avaient exercé aucune violence.

Portraits contrastés

Au soutien de la défense, la fille de Christian Dinucci et soeur d’Alain a dit qu’ils étaient incapables d’avoir commis ce crime. Selon elle, Toche avait pu avoir été victime de gens, dont elle ignorait tout, parce qu’il était «en tête de liste». Une liste où figuraient également son père et son frère. À l’inverse, Sidi Khelladi, qui vivait naguère à Nans-les-Pins et se trouve désormais handicapé par une maladie psychiatri­que, a livré un portrait au vitriol d’Alain Dinucci. «C’est quelqu’un de très violent, qui vit de racket, terrorise en permanence des personnes en les menaçant avec une arme. C’est un monstre qui m’a fait énormément de mal. Il s’est approprié ma vie, ma maison, tout.» «Son ex est devenue ma compagne ,a réagi Alain Dinucci. J’étais domicilié chez elle. Il ne l’a pas supporté. D’où ces accusation­s.»

La scène du crime

Sur le banc des parties civ iles, la cour a également entendu longuement la petite soeur de Christophe Bourletsis. Tout ce qu’elle savait de la disparitio­n de son frère, elle le tenait essentiell­ement de la bouche de Lacène Boudaoud, alias « Las », un proche d’Alain Dinucci. « Il m’a dit qu’il savait qui avait fait ça à mon frère, des gens des Trets dont je ne connaissai­s pas les noms. Il m’a expliqué qu’Alain Dinucci lui avait proposé de le faire avec lui et qu’il avait refusé.» « Alain lui avait confié que Mourad Bouzidi avait fait venir mon frère chez lui. Qu’il y avait Alain et son père. Qu’Alain avait mis des coups de matraque télescopiq­ue sur la tête de mon frère, un chiffon dans sa bouche et un fil électrique autour du cou. Qu’il ne voulait pas le tuer, mais qu’il avait trop serré le câble et l’avait étranglé.» «Après, ils l’avaient enterré, mais Las ne savait pas où. »

Témoin assassiné

Lacène « Las » Boudaoud ne témoignera pas à ce procès. À 42 ans, il a succombé début septembre dernier, au volant de sa voiture à Marseille, après avoir essuyé une rafale de kalachniko­v dans le 15e arrondisse­ment. Il s’agirait d’un règlement de comptes lié au trafic de stupéfiant­s. La cour abordera aujourd’hui la personnali­té des quatre accusés.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Christian Dinucci a écouté le témoignage de sa fille.

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