Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Au Muy le médecin n’en pouvait plus
Depuis son départ, en , le cabinet du docteur Armada est vide. Au Muy, si l’expatriation du médecin généraliste vers la Suisse n’a pas provoqué une pénurie de l’offre de soins, elle illustre le mécontentement des professionnels de santé attirés par les territoires étrangers. Deux ans plus tard, il témoigne de sa nouvelle vie. « On ne quitte pas un village ou une patientèle, mais bel et bien un système à bout de souffle », confie-t-il depuis son cabinet de Renens (Lausanne) où il semble avoir retrouvé l’esprit du métier. « La principale raison est le bénéfice profession-rémunération qui, arrivé à un certain âge, ne correspond plus à nos attentes. Une surcharge de travail, d’horaires, et surtout de responsabilités pour un salaire, après impôts, qui ne justifie plus la qualité de vie.» Il poursuit : « Les dernières années, je n’arrivais plus à gérer mon cabinet médical, entre les courriers de plus en plus nombreux, les justifications permanentes auprès de la sécurité sociale, le secrétariat et surtout les contrôles, nécessaires, mais tellement disproportionnés par rapport à la qualité du travail que l’on peut apporter. De plus, le temps de consultation journalier n’est plus assez important pour apporter une qualité de travail. » De sa nouvelle vie en Suisse, Patrice Armada dit : « J’ai retrouvé une pratique honorable et valorisante de mon métier. Je prends le temps dans mes consultations, dans un cabinet où je dispose en permanence d’un laboratoire d’analyses médicales, d’une radiologie de premier recours et d’assistantes compétentes. » Il conclut, non sans nostalgie : «Ce qui est sûr, c’est qu’après un an, je ne regrette absolument rien... Même si ma patientèle muyoise me manque. »