Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

La morgue du médecin

- R. A.

«Le médecin n’a pas besoin d’une aide financière. En revanche, s’il n’a pas les installati­ons qui correspond­ent à son activité, il ne viendra pas. »

Daniel Maria : «Onse bat pour nos territoire­s »

C’est, entre autres préoccupat­ions, ce qui a motivé le premier magistrat au moment d’envisager la création du pôle de service, au Clos. Le bâtiment, inauguré mi-octobre, comporte une médiathèqu­e, un office de tourisme, une crèche, des logements et… des locaux médicaux. Un ostéopathe et un dentiste ont rejoint le docteur Bertaud, tandis que les infirmiers déjà présents sur le secteur, ouvrent un local. Contrat rempli pour Daniel Maria : « Le docteur avait des locaux dans le village, à l’étage. Ce n’était pas accessible pour tout le monde. Là, c’est au rez-de-chaussée, avec un parking proportion­né devant. » Indispensa­ble pour pérenniser l’implantati­on d’un médecin généralist­e. Et c’est justement l’idée. « Nous, les maires des villages, on se bat pour nos territoire­s. Je pense qu’il faut tout faire pour conserver les services, et même les développer. » L’avenir de Callas passe par cette vision, que le maire entend défendre. « Il y a un mouvement qui engage les jeunes actifs à s’installer loin des villes. Mais il faut pouvoir y trouver ces services.» L’homme va même plus loin : « Il faudra veiller à prendre le virage du numérique. Rendre facile le télétravai­l par exemple. » À Callas, on a un médecin. Et des idées. Pourvu que ça dure.

1. Accord tacite. Philippe Bertaud, c’est un peu docteur Jekyll. Son regard, avisé, sur la profession, n’est pas franchemen­t optimiste. Le médecin de Callas préférera sans doute dire qu’il est lucide. «Il y a un gros problème sur la formation des médecins, sur le cursus. Avant, le médecin était au service de sa patientèle. Aujourd’hui, c’est l’inverse. On préfère des horaires souples, proche de tous les loisirs possible, et bien rémunéré accessoire­ment. Le beurre et l’argent du beurre.» Il s’appuie par exemple sur une statistiqu­e, celle du choix de carrière des jeunes médecins. «En , ils n’étaient que % à vouloir se lancer en profession libérale et préfèrent se salarier», rappelle-t-il. Des propos inquiétant­s. Philippe Bertaud, c’est aussi mister Hyde. L’oeil nettement moins avisé, il estime que la féminisati­on de la profession joue aussi un rôle dans la désertific­ation médicale. «Il y a de plus en plus de femmes médecins, et ce n’est pas franchemen­t une profession féminine.» Pas décontenan­cé pour un sou par notre volonté d’arrêter là le massacre, il poursuit : «Elles veulent une piscine pour les enfants, une crèche, être tranquille quoi.» Des propos tout aussi inquiétant­s. En .

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