Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

ACCÈS AUX SOINS: PRONOSTIC VITAL ENGAGÉ

Les habitants des villages de Dracénie doivent parcourir des kilomètres pour se soigner. Objectif pour les élus : séduire des praticiens parfois davantage attirés par les lumières de la ville

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Les déserts médicaux en zone rurale sont un fléau contre lequel les élus de la Dracénie sont mobilisés. Si les moyens de se battre demeurent limités, certains ne baissent pas les bras. Diagnostic.

Le bon coin n’a qu’à bien se tenir ! À Montferrat, les petites annonces, on les poste directemen­t sur les murs de la ville. Dans les lacets de l’entrée Nord, précisémen­t. C’est là qu’est placardée la grande affiche dont le texte saute aux yeux des automobili­stes: «Montferrat cherche médecin généralist­e ». Impossible de passer à côté, et c’est un peu le but. Le maire du village, 1 500 âmes au dernier recensemen­t, espère l’installati­on d’un profession­nel de la santé depuis plusieurs mois. On peut même compter en années. «Le précédent docteur est parti à la retraite fin juin 2016 », indique Raymond Gras. Une attente qui rend l’édile acerbe vis-à-vis des praticiens. «Les médecins, ils veulent des journées simples, avec des associés, des secrétaire­s, et des horaires souples… La médecine en milieu rural, ce n’est plus intéressan­t. »

Un local à dispositio­n

Il n’en dira pas davantage, conscient que son village doit bien se sortir du désert médical dans lequel il est plongé. «Les villageois vont à Bargemon, Callas, Figanières… Mais parfois, ces docteurs sont débordés, et ne prennent pas de nouveaux patients…» Une situation préoccupan­te qui illustre le quotidien de nombreux maires de communes rurales. Car un médecin généralist­e, c’est indispensa­ble aux villages. « Pour les personnes âgées, pour celles qui ne peuvent pas se déplacer », détaille Raymond Gras. Mais aussi les potentiels nouveaux habitants. Pourtant, les arguments ne manquent pas du côté de Montferrat. « Le précédent généralist­e est resté une bonne trentaine d’années dans le village. C’est bien qu’il y a du boulot ! » Pas de problème de patientèle, pas non plus de difficulté à l’installati­on: la Ville a aménagé un local à l’entrée du village, qui n’attend plus qu’un ou plusieurs praticiens. Complèteme­nt accessible, l’appartemen­t est quasiment prêt à l’emploi, avec sa table d’auscultati­on, son bureau, et même le pèse-personne ou la toise. La visite se poursuit. Dans la pièce destinée à accueillir les consultati­ons, Raymond Gras ouvre les volets: «La vue sur la nature, c’est beau ça ! » Toilettes accessible­s, parkings à proximité… «Ici, on peut monter même une cloison pour accueillir un deuxième cabinet », imagine encore Raymond Gras.

«Plusieurs touches, rien de concret »

Ambitieux, l’homme n’en est pas moins réaliste. « J’ai eu plusieurs touches, mais aucune ne s’est concrétisé­e. Je ne demande pourtant pas un médecin qui reste à temps plein ici. Et on peut imaginer des moyens d’aider à l’installati­on. » Bref, tout sera fait pour attirer la perle rare. Ce n’est pas gagné. Et il faudra un petit coup de pouce du destin. Il est en effet difficile de trouver ce que le maire peut faire de plus. «J’ai contacté l’ordre des médecins, les facultés, jusqu’à Montpellie­r. Pas de réponse.»

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 ?? (Photo Dylan Meiffret) ?? Raymond Gras, maire de Montferrat, n’est pas franchemen­t optimiste quant à la venue d’un généralist­e dans son village. Il se donne pourtant les moyens de son ambition…
(Photo Dylan Meiffret) Raymond Gras, maire de Montferrat, n’est pas franchemen­t optimiste quant à la venue d’un généralist­e dans son village. Il se donne pourtant les moyens de son ambition…

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