Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
LES POILUS AU COEUR DU PEUPLE DE FRANCE
Un siècle après le coup de clairon annonçant la fin des combats, la mémoire des Poilus était dans toutes les têtes hier, partout en France. Plus qu’une victoire, c’est bien la paix qui était célébrée
De Paris, où chefs d’Etat et de gouvernement étaient rassemblés, jusque dans toutes les communes du centre Var, le centenaire de l’armistice de la Grande guerre a rassemblé, hier. Davantage que la célébration d’une victoire, l’heure était surtout à louer les vertus de la paix.
Brignoles
Plusieurs centaines de Brignolais ont tenu à prendre part hier à la cérémonie de commémoration du centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918. Sous une météo idoine, évoquant Verdun ou les champs de la Somme, la cérémonie a d’abord débuté, comme à l’accoutumée, par une revue des troupes de l’UIISC7 par le lieutenantcolonel Cottin sur la place Clemenceau, appropriée elle aussi. Après les remises de médaille aux sauveteurs les plus méritants, le chef de corps de l’UIISC7 rendait aux poilus un émouvant « hommage, simple et sobre comme l’âme des soldats de la Grande guerre, noble comme la grandeur de leur sacrifice ». Il soulignait aussi « l’audace » de la réconciliation avec nos ennemis d’hier et la nécessité de partager « l’espérance, la confiance et l’amitié, pour entretenir une paix durable ». « Élevons nos âmes vers ces héros », enjoignait le lieutenant-colonel Cottin. « Leur souvenir nous honore et nous oblige. » À pied et motorisé, le défilé se mettait ensuite en marche, en direction du monument aux morts.
Des discours engagés
Là, à peu près tout ce que Brignoles compte de forces vives se massait autour du monument. Camille, jeune lycéenne de Raynouard, lauréate, avec trois de ses camarades, d’un 2e prix académique lors du concours national de la Résistance et de la déportation, proposait une belle lecture d’un extrait de l’émouvant « Eve », de Charles Peguy, poète mort au champ d’honneur en 1914. « La paix est un bien fragile et précieux que nous devons, tous, défendre », indiquait le maire Didier Brémond dans un discours très pacifiste, où il déplorait « le côté tragique, immonde et parfois absurde des guerres ». Pour lui, la cérémonie d’hier était d’ailleurs « plus que la célébration d’une victoire, un moment de recueillement et de paix ». La députée Valérie-GomezBassac lie ce souvenir à notre époque. « La paix est aujourd’hui menacée », estime-t-elle, « alors que montent sur notre continent les extrêmismes et les nationalismes ». Après avoir rendu un hommage particulier « aux soldats du XVe corps – l’armée de Provence », décimés, puis « victimes d’une violente campagne de dénigrement puisque Provençaux, pour cause de clivages politiques et de de racisme ordinaire », elle soulignait dans ce centenaire « des leçons de vie pour les suivantes ». Par exemple, « la force d’une nation quand elle est rassemblée », ou encore « la force de la République, qui permet de sauver la démocratie lorsqu’elle est en danger ». Elle concluait sur « l’impérieuse obligation d’une Europe unie qui garantit la paix ». Après lecture par le souspréfet de la lettre du président de la République, une vingtaine de dépôts de gerbe venaient parer de bleu-blanc-rouge le monument. La délégation achevait la cérémonie par un dépôt de gerbe au cimetière, sur le carré des morts 1914/1918. En tout, 109 Brignolais sont morts « pour la France » durant la Première guerre mondiale.