Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

ÉPANDAGES À ARTIGNOSC ET RÉGUSSE Les boues qui inquiètent

La préfecture a autorisé l’épandage de boues provenant du traitement d’eaux usées sur des terres agricoles des communes d’Artignosc et de Régusse, ce qui soulève des inquiétude­s au sein de la population

- M. C. brignoles@nicematin.fr

L’alerte a été lancée par un habitant d’Artignosc. « En allant sur le site de la mairie, je suis tombé dessus par hasard. » Dominique Fichten, retraité, s’intéresse à un document de la préfecture qui donne son accord pour l’épandage de boues provenant de la station d’épuration de Carcès. « J’ai étudié ce document et je me suis rendu compte que 800 tonnes de matière allaient être déversées sur des terres agricoles d’Artignosc et Régusse. Pendant trois ans. » Ces épandages soulèvent des interrogat­ions de la part des habitants.

« Risque sanitaire »

Dominique Fichten poursuit. « Premièreme­nt, il y a une source d’eau à l’endroit où sont prévus les épandages. Elle alimente la fontaine du village, il y a des gens qui boivent dedans ! La source permet aussi l’arrosage des jardins particulie­rs. » Il a lancé une pétition en ligne et réuni près de 1 000 signataire­s

« Aucun risque »

Pour la Direction départemen­tale des territoire­s et de la mer (DDTM), cette opération ne présente aucun risque. Il s’agit de matière extraite de la station d’épuration, agréée par la société privée en gestion, qui est contrôlée en amont et en aval de l’épandage par les services de l’État. Chantal Reynaud, chef du service eau et milieu aquatique de la DDTM, se veut rassurante. « Il n’y a aucun risque. La concentrat­ion des substances contenues dans les boues épandues est strictemen­t contrôlée. De plus, dans le cas d’Artignosc, ces boues sont utilisées en substituti­on d’un traitement chimique. »

« Cruel » manque d’informatio­n

Pour plusieurs habitants de la commune, il s’agit une fois de plus d’une décision prise sans avoir tenu compte de l’avis de la population. Pour Armand Alegria, professeur à la retraite et habitant de la commune, « on navigue à vue ».« Ce qui est problémati­que, c’est que la préfecture ait pris la décision sans nous avertir, il n’y a eu aucune consultati­on. Tous les résidents d’Artignosc devraient avoir accès aux analyses, pour connaître la toxicité de ces épandages. » Rose Cincione, une autre habitante, confirme. « Le gaz de schiste, la ligne haute tension... On est toujours placés devant le fait accompli. On a appris qu’ils allaient épandre 800 tonnes de matière sur la commune parce qu’un habitant a été vigilant et nous a avertis. Sinon, on n’aurait rien su. »

Crainte de métaux lourds

Jacques Humbert, résident d’Artignosc, poursuit. « Ce manque d’informatio­n est préoccupan­t. Je ne suis pas contre la valorisati­on des eaux usées, c’est un procédé intéressan­t pour améliorer les sols. Mais dans ces boues, il peut y avoir des produits organiques et pathogènes, comme des résidus de pesticides. On ne veut pas que notre territoire, jusqu’à présent protégé, soit pollué. On demande une analyse précise de la teneur en métaux lourds de ces boues. »Ces habitants envisagent de créer une associatio­n pour militer contre les projets qui pourraient nuire à l’environnem­ent, dans leur commune et les environs.

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La station d’épuration de Carcès, d’où proviennen­t les eaux usées.
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Ces boues sont utilisées en substitut de produits chimiques.
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Les habitants envisagent de créer une associatio­n pour fédérer leurs actions.
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