Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

À l’école des Tasses, on lit en écoutant le silence

La directrice et son équipe mettent en oeuvre une action apaisante et pédagogiqu­e autour d’une lecture ludique en tout début d’après-midi. Les élèves adhèrent

- JOCELYNE JORIS jjoris@nicematin.fr

Un bon livre, quelle bonne idée pour se délasser et se concentrer ! C’est sur cette judicieuse réflexion, inspirée par l’associatio­n nationale Silence, on lit, que la directrice de l’école des Tasses, Anabelle Sentenac, et son équipe mettent en place depuis la rentrée une action aussi pédagogiqu­e qu’apaisante. Et les élèves adorent ! Deux fois par semaine, après l’heure du déjeuner, toute l’école se met en pause. Une pause relaxante rythmée par… le silence. Quelque 135 élèves, dans cinq classes, se taisent en même temps. Une opération que d’autres collèges et lycées appliquent en France, mais dont la directrice a trouvé intéressan­te à tenter en élémentair­e pour donner de bonnes habitudes dès le plus jeune âge.

Libre de choisir son livre et s’extraire du bruit

«Le principe est de s’extraire du bruit et de s’offrir un quart d’heure de détente, après le repas, en lisant son livre préféré. C’est l’heure la plus compliquée, car les enfants rentrent en classe après avoir joué et couru dans la cour. Ils sont très excités, en pleine digestion et peinent à redevenir attentif. Depuis que nous réalisons ces séances, nous voyons vraiment la différence », explique Anabelle Sentenac. Pendant quinze minutes, pas un bruit. Chacun, élève comme enseignant, se plonge dans son ouvrage avec délice. Car il s’agit d’apporter le livre de son choix, de sa maison ou de le découvrir à la bibliothèq­ue de l’établissem­ent, ou même prêté par un copain. Les plus jeunes, en cours préparatoi­re, feuillette­nt les images d’albums de leurs personnage­s préférés. D’autres privilégie­nt une bande dessinée, les plus grands s’orientent vers le roman jeunesse et même les gros volumes « Harry Potter », selon ses goûts. « On laisse la liberté de choisir, car c’est un instant à soi, individuel tout en étant fait de manière collective. On ne vérifie pas s’ils ont lu, on ne fait pas de fiche de travail. Les professeur­s ouvrent aussi leurs livres et tout le monde partage ce moment tranquille pendant quelques pages. La lecture fait partie d’un des points essentiels du programme », ajoute la directrice. Une formule réalisée deux fois par semaine pour que tout le monde participe en même temps.

Se canaliser et retrouver sa concentrat­ion

Pour la responsabl­e : « C’est important car le moindre mouvement d’élèves, comme une classe qui part en sport par exemple, gâcherait l’ambiance silencieus­e. C’est ce qui a posé le plus de problème aux jeunes de cours préparatoi­re. Le silence les perturbait. Mais au bout de quelques semaines, ils ont trouvé le silence moins pesant. Ils m’ont fait la remarque que je lisais le même livre depuis trois séances, ce qui m’a permis de leur expliquer le suivi d’un roman. Les élèves ont très vite compris ce que ce moment leur apportait, et ont très vite été demandeur de ces quinze minutes de lecture sans être contrôlé après, un plaisir personnel ». « Et sans s’en rendre compte, ils travaillen­t le Français. En plus, ce quart d’heure est vraiment parfait pour canaliser les élèves. Juste assez pour retrouver sa concentrat­ion, pas assez pour s’endormir. C’est très positif pour se remettre au travail avec applicatio­n », précise la directrice qui recommande la méthode aux autres écoles. « C’est une organisati­on. Il faut adhérer à l’idée, mettre du sens à l’action. Arrêter toutes les classes, c’est compliqué mais ça vaut le coup », souligne Anabelle Sentenac qui déploie de nombreux projets pour son école du quartier de Boulouris. Les plus grands font l’orchestre à l’école. Ils ont appris La Marseillai­se qu’ils ont chantée lors de la cérémonie du 11 novembre, ont visité l’exposition sur la Première Guerre mondiale à la Villa aurélienne. Car le projet d’école tourne autour des héros, notamment de guerre. Un intervenan­t en musique et chant, Benjamin Mélia, fait découvrir les instrument­s sur des chansons qui parlent des héros, tous les vendredis. Voyage au Futuroscop­e pour les grands et une semaine à la ferme du logis des pins pour les plus jeunes sont autant de projets. Et le tournoi de pétanque parentsenf­ants sera reconduit au printemps !

‘‘  enfants se taisent en même temps ”

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(Photos Philippe Arnassan) « Silence, on lit », en classe avec l’enseignant­e Laurence Davaine.
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La directrice de l’école des Tasses, Anabelle Sentenac...
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... a mis en place une action apaisante et pédagogiqu­e en début d’après-midi.

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