Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
PS en prison: FO persiste et signe
Pas rassuré pour un sou, Jean-Paul Caniaux. Le secrétaire local de Force ouvrière à la maison d’arrêt de Draguignan est à l’origine de la mini-tempête qui a secoué les agités sur les réseaux sociaux la semaine dernière. Dénonçant l’arrivée d’une console de jeux vidéos PlayStation 4 dans l’établissement pénitentiaire, le syndicaliste a déclenché l’ire un peu disproportionnée d’Internet (lire édition du 6 novembre). Revenant sur la polémique, il n’est toujours pas satisfait des réponses apportées par l’administration pénitentiaire. En cause, deux soucis majeurs: l’intérêt de l’activité, et, surtout, le risque potentiel de la présence d’une telle machine en prison.
La connectivité de la console en question
« Une circulaire existe, elle interdit l’utilisation d’un tel matériel au sein de l’établissement. » Nous en parlions, les risques ont déjà été soulignés par le passé, et seuls les consoles de type PlayStation 2 et Xbox 360 (modèle Arcade et Élite) sont autorisées aux prisonniers. En cause : l’intégration, dans l’architecture des engins, d’outils sans-fil type wifi ou bluetooth. « S’ils veulent s’en servir pour communiquer avec l’extérieur, on ne saurait pas les en empêcher. » Car selon le syndicaliste, l’activité “jeux vidéos” ne sera pas encadrée par un moniteur spécifiquement dédié. « Il y a un surveillant, qui navigue entre toutes les activités du bâtiment “respect”, mais il ne pourra pas être uniquement sur l’activité avec la PS4. D’autant que même s’il l’était, il n’est pas formé pour savoir si une utilisation détournée est en cours. »
«Nous n’avons pas été concertés »
C’est effectivement une question que l’on peut se poser... En réponse à ces arguments, la direction de la maison d’arrêt n’était pas restée muette en précisant notamment qu’une modification technique de la console de jeux sera faite pour obstruer la connectivité de l’engin. Pas convainquant aux yeux de FO. Sur l’aspect sécurité, JeanPaul Caniaux ajoute : «La population pénitentiaire des autres bâtiments ne va pas comprendre pourquoi ils n’ont pas accès aux jeux. C’est un danger pour les agents, ça les met en difficulté. » En ce qui concerne l’intérêt de l’activité, il est, selon l’agent, limité. « Pour le sport, on comprend, il y a des valeurs. Mais pour les jeux vidéos?» D’autant que, comme il le souligne, « nous n’avons pas été concertés». Et c’est peut-être là le réel appel lancé par le syndicat: «Les décisions sont imposées, nous n’avons pas la possibilité de dialoguer. Les collègues ne se sentent pas acteurs de leur métier. » Un grief qui mérite effectivement d’être entendu. Et qui mérite sans doute mieux que le traitement sensationnaliste constaté sur les réseaux sociaux il y a peu.