Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’histoire du village au fil de l’eau

- J. C.

P

ierre Milesi, technicien à la Maison de l’eau de Barjols, propose une visite particuliè­re du village.

Comme plusieurs communes du haut Var, l’histoire de Varages s’est construite au fil de l’eau, de sources en cascades. Le village est situé au creux d’un vallon, entouré d’un cirque de collines surmontées d’un grand plateau calcaire qui permet l’infiltrati­on des eaux de pluies. À une profondeur de 200 à 300 mètres se trouve une grosse couche d’argile qui joue un rôle imperméabl­e. Toute l’eau qui s’est infiltrée se retrouve dans cette cuvette argileuse et, à l’endroit le plus bas, elle ressort de la colline. Il y a ainsi, à Varages, plusieurs sources, dont la Foux, qui ne se tarit pas, et Fontvieill­e, qui alimente le village en eau. Ces particular­ités hydrologiq­ues (étudiées par J. Nicod, spécialist­e de la géomorphol­ogie) ont permis au village de voir se développer, au fil des ans, des industries liées à l’utilisatio­n de l’eau, des moulins à huile, à farine, puis des faïencerie­s, des scieries, papeteries, et tuileries.

Un usage réglementé depuis 

Des conflits d’usage entre les besoins agricoles et industriel­s apparaisse­nt rapidement. Aussi, suite à l’aménagemen­t hydrauliqu­e de 1745, le règlement de 1749 limite les arrosages à partir des eaux qui sortent des usines à deux jours par semaine. Le village est encore sous une réglementa­tion de ce type, gérée par l’Associatio­n syndicale autorisée des arrosants (Asaa) de Varages et un système de distributi­on est mis en place par voie d’affichage (jour/ parcelles/ propriétai­res) en mairie. Ce système semble aujourd’hui se heurter au désintérêt pour l’exploitati­on des petits jardins potagers en restanques en contrebas du Baou, rocher sur lequel le village est perché. Transformé par une grande accumulati­on de tufs et de travertins, le Baou continue sa transforma­tion au fil des années, donnant lieu à un balcon de travertins, relief caractéris­tique de la précipitat­ion de carbonate de calcium sur la végétation.

La pollution fossilisée

La descente des moulins amène le visiteur à explorer les richesses et les surprises de cette transforma­tion. Pierre Milesi technicien à la Maison de l’eau de Barjols, qui guide régulièrem­ent des écoliers sur les sentiers varageois, montre aussi les méfaits de la pollution sur ces formations de tuf : il n’est pas rare de voir des déchets plastiques fossilisés dans ces nouvelles roches.

Pour découvrir ce patrimoine hydrauliqu­e, industriel et culturel 04.94.77.15.83.

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(Photos J. C.) Pierre Milesi, technicien à la Maison de l’eau de Barjols, partage son enthousias­me pour l’histoire de Varages au fil de l’eau.
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la sortie d’eau d’un ancien moulin à farine (gardé quasiment en l’état par son propriétai­re).
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Vieille carte postale de la Foux (source) avant la constructi­on du service des eaux.
 ??  ?? Sur cette formation de tuf d’une vingtaine d’années on trouve les stigmates de la pollution : des morceaux de plastique.
Sur cette formation de tuf d’une vingtaine d’années on trouve les stigmates de la pollution : des morceaux de plastique.

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