Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Obsèques de Francis Lai: ciao l’artiste!

- CÉLIA MALLECK cmalleck@nicematin.fr

La pesanteur est une force invisible. Excepté lors des cérémonies funéraires. Elle se lit sur les visages graves. Fermés par la tristesse. Elle s’entend dans le silence maussade. Plombé par le recueillem­ent. Elle se devine sur les épaules des porteurs des pompes funèbres. Ceux qui ont emmené hier, à 10 h 45, le cercueil de Francis Lai au pied de l’autel de la cathédrale Sainte-Réparate. Afin de rendre un dernier hommage à ce compositeu­r, mort la semaine dernière, à 86 ans. Ce Niçois, qui a marqué le monde cinématogr­aphique et musical français. Représenté, notamment, par la présence de Nicole Croisille et Didier Barbelivie­n dans l’église. Lors de la liturgie, le père Michel Angela a laissé la parole à ses proches. Ses amis de toujours. Comme Marc Barralis. Enfant du pays, lui aussi, qui a raconté le fan de foot qu’était Francis Lai. De leurs escapades au Ray. De leurs « cagades » aussi. Et puis, il y a eu l’allocution d’Olivier. L’un des trois enfants de l’artiste qui a lu une prière à son père. Avec retenue. Jusqu’à l’évocation du mot « amour ». Et l’éclatement d’un sanglot. Une douleur qui étrangle sa voix et qu’il contient pour dire adieu. Avec dignité.

« J’ai rencontré l’homme de ma vie »

Cet adieu, le réalisateu­r Michel Lelouch l’a fait à coeur ouvert : «J’ai rencontré l’homme de ma vie. » Celui qu’il a « aimé à la folie ». Comme un ami. Celui qu’il a adoré. Comme « un ange déguisé en accordéoni­ste». Celui qu’il mystifie encore aujourd’hui : «J’ai vu du divin chez cet homme. » Un homme capable de traduire des mots en notes de musiques. Un magicien des harmonies dont les obsèques ont été ponctuées de mélodies. Tel le mythique « chabadada » d’Un homme, une femme. Un morceau. Un hymne. Joué par des musiciens, dont l’accordéoni­ste Richard Galliano. Des airs qui ont allégé l’atmosphère. Libéré les larmes contenues. Avant de laisser partir le compositeu­r. Le gamin de Saint-Pancrace. Dont les cendres seront déposées au cimetière de sa colline. Et si la partition de Francis Lai est achevée, son nom continuera d’exister. Sur la place de Saint-Pierre-deFéric. Si le conseil municipal vote la délibérati­on. Sa musique continuera d’être jouée. Dans le cadre de la biennale 2019 consacrée aux cent ans des studios de la Victorine. Et aussi dans le dernier film de Claude Lelouch, Les Plus belles années d’une vie. La dernière oeuvre de sa vie, dans laquelle Francis Lai a mis son talent. Et peut-être même son âme.

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(Photo Éric Ottino) Christian Estrosi a proposé de rebaptiser la place Saint-Pierre-de-Féric en son nom afin de rendre hommage à l’enfant de Saint-Pancrace.

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