Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Fioul : «Améliorons plutôt la qualité du fioul»
« Faire en sorte qu’à la fin du prochain quinquennat, il n’y ait plus de chauffage au fioul individuel en France ». Prononcée hier par le Premier ministre Édouard Philippe, cette annonce a retenu toute l’attention de Philippe Falaize, codirecteur de la société Fioul 83, installée à La Crau. Et on comprend pourquoi: «Le fioul, c’est notre coeur de métier. Ça représente plus de 14 000 clients particuliers et 40 % de notre chiffre d’affaires », confie l’entrepreneur varois.
Épargner le pouvoir d’achat des Français
S’il ne conteste pas la problématique de pollution, ce dernier n’est pas pour autant d’accord avec le gouvernement qui pousse, à grands renforts de taxes, à un changement d’énergie. L’alternative, Philippe Falaize la pioche outre-Rhin. « Ça fait des années qu’on réclame de faire comme l’Allemagne qui a opté pour l’utilisation d’un fioul de meilleure qualité, comparable au gazole routier actuel, c’est-à-dire qui contient 50 à 60 fois moins de soufre que le fioul domestique utilisé aujourd’hui en France ! » Pour Philippe Falaize, si cette solution n’a pas été retenue jusqu’à présent par l’État français, « c’est par peur de créer une pénurie sur le gazole routier, du fait de l’augmentation de la demande ». À l’en croire, le choix du gazole désoufré n’aurait pourtant que des avantages. Non seulement « ce carburant est nettement moins polluant que le fioul actuel, mais il est immédiatement utilisable dans les vieilles chaudières, sans aucune modification». Mieux : « avec une utilisation dans des chaudières murales à condensation, beaucoup plus économes en énergie, on lutterait encore plus contre la pollution sans s’en prendre au pouvoir d’achat des Français », affirme Philippe Falaize. Sur le long terme, le chef d’entreprise fait part de ses doutes. D’abord sur les finances de l’État. « Actuellement, les taxes sur le fioul domestique représentent 20 centimes par litre. Soit 400 euros pour une cuve de 2000 l. Cet argent alimente le budget de l’État. Si les Français passent tous au bois ou à l’électricité, l’État devra bien trouver d’autres ressources », fait-il remarquer. Mais aussi sur l’environnement. « Si demain tout le monde se chauffe au bois ou à l’électricité, il faudra couper davantage de forêts ou accepter de construire de nouvelles centrales nucléaires, à moins qu’on décide d’acheter de l’électricité issue de centrale au charbon à nos voisins ».