Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
«Psychose chez les automobilistes»
Gérant du garage Herbet à Toulon, Fabien Herbet, outre la mécanique automobile, est un « apporteur d’affaires » au groupe PSA. En contact quotidien avec des automobilistes, il n’est absolument « pas surpris » par le vent de contestation populaire, plus communément appelé « mouvement des gilets jaunes ». « Les automobilistes en ont assez d’être montrés du doigt et, dans le même temps, d’être pris pour des vaches à lait », déclare le garagiste toulonnais.
Les laissés-pourcompte de la conversion
Se contentant de répéter ce que lui disent ses clients, Fabien Herbet confie : « Il y a aujourd’hui une vraie psychose chez les automobilistes par rapport au diesel. S’il n’est pas nouveau, le discours anti-diesel fonctionne très bien. Et cette crainte grandit encore avec la hausse du prix du gazole. Les automobilistes se demandent à quelle sauce ils vont être mangés demain. Ils redoutent même qu’on leur interdise bientôt de circuler en ville ! » Devançant ces éventuelles restrictions, certains, inconditionnels du moteur diesel pendant de nombreuses années, ont finalement franchi le pas et sont passés à l’essence. « Même avec à peine 40 000 ou 50 000 km au compteur, les propriétaires de voitures diesel sont de plus en plus nombreux à vouloir se débarrasser de leurs véhicules », assure Fabien Herbet. Une réalité qui n’est pas sans lui poser quelques problèmes. « Les diesels d’occasion sont devenus plus difficiles à revendre. Pourtant certains véhicules récents, peu polluants, sont compatibles avec la prime à la conversion. Mais trop peu de gens le savent… » La prime à la conversion. Celle-là même que le Premier ministre Édouard Philippe veut doubler pour les 20 % de Français les plus pauvres. A priori Fabien Herbet n’y est pas opposé. Mais quid des autres automobilistes ? « On l’entend au garage : les automobilistes qui ne peuvent pas bénéficier de cette prime se sentent les laissés-pour-compte de la conversion, alors qu’ils sont tout autant impactés par la hausse fulgurante des prix du carburant ». À 28 ans, Ephrem Kassahun l’affirme : « j’ai toujours roulé au diesel ». Mais avec le prix du gazole qui explose, «ce n’est plus possible », confie ce bardeur toulonnais. Son rêve : passer à la voiture électrique. «Ça me plairait. C’est dans l’air du temps. ça colle bien avec ma génération. Mais c’est hors de portée pour moi, c’est beaucoup trop cher ! » Dénonçant les multiples hausses qui grèvent son budget, Ephrem Kassahun ne cache pas son exaspération. «J’en ai ras-le-bol comme tout le monde ». Mais il n’ira pas manifester samedi. « Par solidarité avec le mouvement des gilets jaunes, je n’irai pas dans les magasins », lâche-t-il.