Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Ex-cinéma Ariel : clap de fin pour le Dolce Vita
Le projet immobilier de 39 logements avec en pied d’immeuble un espace commercial ne verra pas le jour. Le tribunal administratif a annulé le permis
Les Toulonnais devront encore patienter pour connaître le nouveau destin de l’ex-cinéma Ariel. Presque dix ans après sa dernière séance, cet ancien lieu emblématique, situé à l’angle des rues François-Fabié et de Victor-Clappier, en est toujours à son clap de fin. La Dolce Vita, du nom de l’ensemble du projet immobilier porté par Bouygues, ne verra jamais le jour. Le promoteur a perdu le recours contre le permis de construire, délivré par le maire, le 11 mai 2015. Celui-ci portait sur un immeuble de 5 étages comportant 39 logements (1) – du studio aux trois pièces – avec une surface commerciale de 213 m2, implantée en rezde-chaussée, et trois niveaux de stationnement en sous-sol.
Des riverains ont attaqué le permis
Fin 2015, deux sociétés civiles immobilières (SCI), situées rue Victor-Clapier ont attaqué le permis de construire : l’une propriétaire d’un appartement à usage de bureaux au rez-de-chaussée d’un immeuble, jouxtant le terrain du projet ; et l’autre SCI, propriétaire d’un immeuble de quatre étages, mitoyen sur la façade du bâtiment à démolir. Si la juridiction administrative a rendu son verdict au printemps dernier , annulant le permis dans sa totalité, sur place rien ne paraît. La banderole annonçant « Dolce Vita, votre future résidence » est toujours accrochée.
« Un bâtiment plus haut, plus profond »
La construction de trois niveaux de sous-sol (Bouygues créait un troisième niveau) et l’impact de construction et de terrassement sur les immeubles mitoyens, déjà en partie fragilisés par la traversée du tunnel, ont pesé dans la balance en faveur des requérants. Le projet consiste, a rappelé le juge, « à démolir le bâtiment existant qui correspond à un ancien cinéma désaffecté, comportant trois niveaux, au-dessus du rez-de-chaussée et un niveau en sous-sol, pour construire à sa place un bâtiment à destination mixte habitation et de commerce comprenant cinq niveaux au-dessus du rez-de-chaussée et trois niveaux dédiés au stationnement. Le projet, poursuit-il, consiste, à édifier, un immeuble plus haut, plus profond, et plus lourd que le bâtiment existant.’ Le risque pointé du doigt par l’un des requérants, propriétaire de l’immeuble déjà fragilisé par les travaux du percement du tunnel sud, a été un élément qui a retenu l’attention du juge. À commencer par la note d’expertise du 16 juillet 2016. Celle-ci fait état « qu’un tel projet, en particulier du fait des importants terrassements nécessaires à la construction de trois niveaux de stationnement en soussol, est susceptible de multiplier les risques de déstabilisation des immeubles mitoyens et, notamment l’immeuble de la SCI, située rue Victor-Clappier, déjà fragilisé par les travaux du percement du tunnel. »
Études géotechniques de Bouygues, mais...
Le promoteur Bouygues Immobilier a toujours défendu « un dossier bordé au maximum au niveau des études. Nous avons habitude de travailler en centre urbain, en centre ancien avec des vieux bâtiments. Nous nous appuyons sur des études, sur des experts pour avoir un diagnostic de l’état du bâti, des stabilités futures, et de ce qu’on va réaliser », rappelle Nicolas Contantin, directeur des opérations. « Mémoire technique de déconstruction, note géotechnique, descentes de charge de l’immeuble, calcul de la pression exercée sur le sol » sont autant de pièces qui ont été fournies par le promoteur auprès du tribunal administratif.
Pas d’impact sur le tunnel
Manifestement, cela n’a pas été à l’appréciation du juge administratif. « Aucun de ces documents n’analyse l’impact potentiel du projet sur la stabilité des immeubles mitoyens[...]. La note géotechnique se borne à analyser l’incidence du projet sur le tube sud du tunnel, et non sur les immeubles mitoyens. Bien que concluant à l’absence d’impact du projet sur cet ouvrage, elle présente des conclusions incertaines et conditionnelles puisqu’elle en subordonne la validité à la réalisation d’études complémentaires .» En clair, la stabilité des immeubles avoisinants n’était pas suffisamment étudiée ou confortée pour permettre la mise en oeuvre en l’état du permis de construire. Si Bouygues Immobilier a décidé de ne pas faire appel de la décision, il entend ne pas abandonner tout projet. (Lire ci-dessous) 1. Dans le jugement, il est précisé 47 logements.