Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Reconstitution du meurtre insensé du douanier
Nicolas Philippe a été extrait hier de la prison de La Farlède pour participer à la reconstitution du meurtre de Pascal Robinson, en 2015, dans le quartier Saint-Jean-du-Var à Toulon
Les abords de la rue Alfred-de-Musset et du parc du Pré-Sandin étaient interdits d’accès hier dans le quartier SaintJean-du-Var à Toulon. Trois ans après le meurtre de Pascal Robinson, enquêteur chevronné de la douane, la juge Maryline Aristide a dirigé une reconstitution judiciaire. Une étape importante avant la fin de l’instruction et un probable procès devant la cour d’assises du Var – peut-être à la fin de l’année prochaine. Le 23 novembre 2015, en fin de matinée, les douaniers s’apprêtaient à appréhender Nicolas Philippe qui devait réceptionner un colis contenant la pièce d’une arme longue. Cette « livraison surveillée », au n°23 de la petite artère, a rapidement basculé dans l’horreur : un douanier a été tué après avoir reçu sept balles – dont trois dans la tête –, son partenaire a été blessé.
« Un acharnement »
Le suspect est ensuite remonté dans son appartement pour s’équiper d’un gilet pare-balles et d’une arme d’épaule. Il a blessé un policier toulonnais lors de sa fuite avant d’être interpellé, acculé dans le fond du parc du Pré-Sandin, par des fonctionnaires de la section d’intervention. C’est pour rejouer ces épisodes que Nicolas Philippe, 30 ans, a été extrait hier matin de sa cellule de la prison de La Farlède. Tenu en laisse par des agents de Hasard du calendrier, Rémy F., le major de police toulonnais blessé dans l’intervention qui a suivi le meurtre de novembre , vient d’être nommé chevalier dans l’ordre national du Mérite, par décret du président de la République. Le partenaire de Pascal Robinson, lui aussi touché par balles, avait reçu la même distinction en mai . l’administration pénitentiaire, le suspect, présenté comme mutique au démarrage de l’enquête de la police judiciaire (PJ), se serait montré coopératif. Néanmoins, « cette reconstitution n’a pas apporté de réponse aux questions que se posent les parties civiles », commente Me Virginie Pin, avocate de la famille Robinson. Pourquoi ce passage à l’acte ? Pourquoi un tel « acharnement »? Me Jean-Claude Guidicelli, défenseur du mis en cause, reconnaît « une disproportion océanique entre le début de l’affaire – une toute petite infraction (à la législation sur les armes, Ndlr) – et le bilan humain ».
« Une fuite en avant »
« Les experts parlent d’un moment de sidération, poursuit le pénaliste toulonnais. Il a vu ces hommes armés dont il ignorait la qualité de douanier et a été pris de panique. Il a eu peur de mourrir, nous étions quelques jours après le carnage du Bataclan, le pays était en pleine psychose... » Au contraire, « les douaniers portaient leurs brassards, ils ont montré leur qualité », affirme Me Virginie Pin qui s’étonne que l’on descende chercher un colis avec un pistolet à la ceinture. Le suspect a également dû s’expliquer sur les tirs qui ont suivi en direction des policiers, dans la rue Honoraty et le parc du Pré-Sandin où le tireur présumé s’est réfugié. « Ça a été une fuite en avant, il a tiré dans toutes les directions, selon Me Jean-Claude Guidicelli. Quand il a retrouvé une forme de lucidité, il a “rendu les armes” et a levé les bras ».
Un policier toulonnais dans l’ordre national du Mérite