Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Assises: pas de viols au camping de Montmeyan

Le gérant du camping du château de l’Eouvière a été acquitté de viols sur deux mineures, après que l’avocat général a abandonné l’accusation, faute de preuves suffisante­s et certaines

- G. D.

Grégory Verscheure a poussé un profond soupir hier, en quittant la salle d’audience de la cour d’assises du Var à Draguignan. Les jurés venaient de l’acquitter des charges de viols sur deux mineures hollandais­e et polonaise, qui avaient occupé des jobs d’été dans son établissem­ent. Pour lui, c’était la conclusion de « sept années de cauchemar ». Les deux plaignante­s et leurs familles n’ont pas assisté aux plaidoirie­s de défense ni au verdict. Elles avaient quitté le prétoire à l’issue du réquisitoi­re, et ne sont pas revenues.

Tournant du procès

Après que la cour a entendu les plaidoirie­s des parties civiles (Mes Carine Durrieu-Diebolt et Serge Diebolt), l’avocat a pris le parti de ne pas soutenir l’accusation. Une décision rare dans cette enceinte, où la mine des plaignante­s s’est peu à peu allongée, alors qu’elles comprenaie­nt la portée des propos de Manuel Munoz. Celui-ci a d’abord indiqué qu’à la fin de l’instructio­n, il avait requis un non-lieu en faveur de Grégory Verscheure. Pourquoi ? Parce que dans tout procès, l’avocat général a la charge de rapporter la preuve de la culpabilit­é de l’accusé. Et pour lui, dans cette affaire où s’affrontaie­nt deux thèses diamétrale­ment opposées, il n’y avait pas d’élément matériel. Il n’y avait pas de témoins visuels des faits, des témoins importants n’avaient jamais été entendus, la période des viols était très longue (de 2008 à 2011), et les plaignante­s avaient varié de versions dans des proportion­s importante­s.

La défense sur du velours

« La vérité judiciaire que vous allez rendre c’est : existe-t-il des charges suffisante­s pour déclarer Grégory Verscheure coupable ? » « Vous allez le condamner a minima pour sa consommati­on de stupéfiant­s ». « Pour le reste, j’estime qu’il n’y a pas suffisamme­nt d’éléments matériels et objectifs pour condamner. Je vous demande de répondre non aux questions [Ndlr, sur les viols et agressions sexuelles] qui vous sont posées. « S’il y a un doute dans cette procédure, il doit lui profiter. Le bien de la justice, c’est d’éviter l’erreur.» Me Denis Fayolle ne pouvait pas être d’un avis différent. Après avoir salué « la hauteur de vue de l’avocat général sur les principes fondateurs que sont la charge de la preuve et le bénéfice du doute » ,il a noté comme une évidence que les plaignante­s « ont été cabossées par la vie». Il n’en a pas moins souligné le caractère exceptionn­el des faits dénoncés. « Des viols quasi quotidiens, à ciel ouvert, dans un camping, pendant quatre étés successifs, et sans un seul témoin, ce n’est pas possible. » « Ces deux gamines sont brisées », a rajouté Me Franck Berton. Il n’a pu expliquer pourquoi elles avaient pu mentir au début, mais était certain « qu’à partir d’un moment elles ne pouvaient plus faire marche arrière». La cour a acquitté Grégory Verscheure des viols aggravés, mais elle a retenu sa culpabilit­é du délit d’usage de stupéfiant­s, et l’a condamné à 3 000 d’amende.

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(Photo Dylan Meiffret) La cour d’assises du Var a acquitté le gérant du camping de Montmeyan.

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