Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«Désimpermé­abiliser» les villes pour absorber les pluies intenses

- RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicematin.fr

« Redevance Agence de l’eau ». C’est une fiscalité que payent tous les usagers. Elle représente 15 à 20 % du montant total de la facture. L’Agence de l’eau Rhône Méditerran­ée Corse, qui couvre un quart du territoire français, de Belfort à Perpignan, en passant par Toulon, Nice et Ajaccio, dispose ainsi d’un budget de 3,16 milliards. La plus grosse partie de cette somme, – 2, 6 milliards – sera consacrée à financer divers projets entre 2019 et 2024, pour le bon état des eaux et l’adaptation au changement climatique. Selon le directeur Laurent Roy, qui hier, présentait à Marseille, son plan « Sauvons l’eau », pour les six prochaines années, « 40 % du bassin Rhône-Méditerran­ée sont déjà déficitair­es en eau et la situation va s’aggraver. » L’arrière-pays varois et en partie celui des Alpes-Maritimes, sont déjà des secteurs en tension sur la ressource en eau. Les solutions proposées pour l’économiser sont les mêmes depuis des décennies : « Lutter contre les fuites des canalisati­ons d’eau potable, optimiser les systèmes d’irrigation ou réutiliser les eaux usées traitées. » Ensuite, si la ressource reste insuffisan­te, il faut songer au transfert et au stockage de l’eau dans le cadre de plans de gestion de la ressource en eau (PGRE). Le problème, c’est qu’avec le changement climatique, les habitants vont connaître des mois de sécheresse, pour ensuite vivre des déluges : ces pluies cévenoles qui ont causé drames et dégâts dans le Var et les Alpes-Maritimes. L’Agence de l’eau Rhône Méditerran­ée Corse veut restaurer 50 km de rivières et 2 000 hectares de zones humides, essentiell­es pour réguler les crues. Elle financera également des projets visant à « désimpermé­abiliser » les villes pour favoriser l’infiltrati­on de l’eau, au moment de pluies intenses. Cent dix hectares devraient redevenir perméables, d’ici 2024. Les cours d’eau devraient aussi retrouver de l’espace, histoire de les laisser vivre leurs crues, pour les rendre moins nuisibles. Les fleuves que sont l’Eygoutier à Toulon, le Gapeau qui se jette à Hyères ou encore la rivière La Cagne à Cagnes-sur-Mer, pourraient retrouver quelques endroits pour respirer et se débarrasse­r d’un busage devenu inadapté.

L’usager des villes et l’usager des champs

Les subvention­s de l’Agence peuvent atteindre 70 % sur des travaux concernant aussi bien l’eau potable que l’assainisse­ment. Et assure Laurent Roy, «un soutien privilégié est accordé aux collectivi­tés situées dans les Zones de revitalisa­tion rurale (ZRR), qui n’ont pas les capacités financière­s d’investir pour réparer leurs réseaux d’eau potable ou fiabiliser leurs stations d’épuration. » Mais pour être éligible aux aides de l’Agence, il faut pratiquer un tarif minimum de 1 €/m3 d’eau, idem pour l’assainisse­ment. Tant pis pour les collectivi­tés, généraleme­nt en milieu rural, qui pratiquent un tarif inférieur. « Un euro, cela reste en dessous du prix moyen de l’eau, qui est d’environ 3,40 » justifie Laurent Roy.

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(Photo doc Var-matin) Avec le changement climatique, les habitants du Var et des Alpes-Maritimes vont connaître des mois de sécheresse pour ensuite vivre des déluges, causant drames et dégâts.

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