Castaner, cartes sur table

En ce jour anniversaire de sa mort (le  novembre ), convoquons Malraux. « Pour l’essentiel, disait-il, l’homme est ce qu’il cache, un misérable petit tas de secrets. » Et aussi : « Un homme est la somme de ses actes, de ce qu’il fait, de ce qu’il peut faire. Rien d’autre. » Double citation non dénuée d’un zeste de contradiction, à l’image des Français eux-mêmes. Qui n’ont de cesse de vanter la méritocratie, la deuxième chance, la capacité à s’élever au-dessus de sa condition. Mais quand l’un d’eux parvient à faire tourner le cours de sa vie, à triompher de son côté obscur ou des boulets qui l’empêtraient, il concentre les regards suspicieux et l’agacement jaloux. C’est ce qui arrive aujourd’hui à Christophe Castaner, auquel certains font procès de sa jeunesse décousue. Oui, entre  et  ans, après avoir claqué la porte du cocon familial, l’actuel ministre de l’Intérieur aurait pu virer voyou. Il jouait au poker jusqu’au bout de la nuit, croisait des figures du milieu marseillais. Selon sa propre expression, il était alors « sur le fil du rasoir », attiré par l’argent facile et les belles carrosseries. Cet intermède interlope, cette tentation du diable, Castaner a malgré tout su s’en affranchir. C’est plutôt à mettre à son crédit. A vingt ans, il rentrait dans le rang. Et ses erreurs de jeunesse, pour le coup, n’ont rien de dissimulé. Dès qu’il a pris un peu de galon sur la scène politique, tête de liste socialiste aux régionales en , le natif d’Ollioules a pris soin de s’en ouvrir largement. Ayant tout compris du système, il savait se prémunir ainsi d’un inévitable retour de bâton. Non content d’avoir bien tourné, il n’a pas oublié de rester malin… Charles Pasqua n’aurait pas renié ce profil pour l’Intérieur.