D’une saison de transition»

Ses choix

« Tout le monde est surpris quand je fais jouer un jeune joueur. Si je le fais jouer, déjà, c’est que je pense qu’il a le niveau, et à force égale, je penche plus souvent pour un jeune. Parce que le jeune va progresser tandis que le joueur confirmé peut-être pas. Je préfère ‘‘travailler pour la suite’’. Je prends l’exemple de Florent Vanverberghe que j’ai titularisé en 8 à Edimbourg. Ce n’est pas visible, mais c’est le troisième ligne qui a le plus d’activité. Quand tout le monde s’offusque aussi que Liam Messam ne commence pas contre La Rochelle, il y a une explication. Liam était suspendu et ne s’entraînait pas. D’un coup, on fait appel et il reprend avec nous, mais il y a très peu de chances que l’appel aboutisse. Finalement, j’apprends le vendredi qu’il est bon pour le service. Manque de chance, j’avais annoncé l’équipe dès le mardi matin pour que tous les joueurs soient concentrés sur ce match à gros enjeu. Je fais quoi pour Florent? Moi, je me tiens à ce que je dis, ce que je fais et je ne change pas d’avis. Sans compter qu’il est aussi important d’avoir un banc équilibré et que Messam, bizarrement, a apporté une plus-value à l’équipe quand il est rentré. Pourquoi je fais jouer Cottin face à La Rochelle ? Parce qu’on manque de fraîcheur, d’enthousiasme, parce qu’Eric Escande n’est peutêtre pas au niveau qu’il devrait avoir. A un moment, un jeune peut apporter, et j’ai besoin d’enthousiasme. Les gens sont surpris parce que le contexte est compliqué. Mais quand fait-on jouer les jeunes, alors ? Avant, le contexte était plus favorable, mais combien de jeunes ont-ils eu leur chance ? La charnière? On a commencé la saison sans Belleau ni Trinh-Duc. J’ai mis Carbonel et Rhys Webb. Les deux internationaux reviennent, ils jouent. Webb se pète, on rentre Eric Escande. Belleau revient au centre puis passe en dix. François rentre et joue au centre. Les deux sont concurrents en équipe de France à l’ouverture, je voulais les voir chacun à leur tour en dix… Savea au centre? Tout le monde dit: il change encore un mec de place… Ce jour-là, qui je fais jouer en premier centre ? Pas Pietersen, ni Fekitoa. Et j’ai vu quelques gestes qui me laissent de l’espoir pour la suite… Pareil pour Tuisova. Il a une activité au centre qu’il n’a pas à l’aile. Dans le trafic, il est beaucoup plus concerné et peut être décisif à tout moment. En revanche, sur l’aile, potentiellement, il peut louer son couloir des cinq mètres et y passer la soirée, à attendre que ça arrive… »

Bordeaux

« Le break d’une semaine a fait beaucoup de bien à l’équipe et à certains joueurs qui ont beaucoup joué. On sentait beaucoup de frustration qui entraînait une fatigue mentale décuplée. On va essayer de répondre présent dans l’attitude à Bordeaux et de corriger des erreurs, suite à nos retours de stats. Cela va permettre de conforter les joueurs dans certains axes de travail et leur faire comprendre qu’il y en a certains à améliorer. Qu’on n’est pas loin sur beaucoup de choses, mais qu’on est loin à la fois. Bordeaux reste un déplacement compliqué, chez une équipe qui a changé d’entraîneur, qui sera certainement sous le coup du fameux électrochoc. Mais à la limite, on n’a même pas à prendre ça en compte. Ce qui doit nous intéresser, c’est nous. Savoir aujourd’hui où on se situe au classement et savoir comment on va faire pour y remonter. Moi, je n’ai pas de doute et je crois dans ce groupe mais à un moment, il va falloir une prise de conscience, car je ne veux pas que ce soit une saison de transition comme beaucoup l’annoncent. Je crois en la qualité de cette équipe, même si elle n’est pas palpable aujourd’hui. Je crois qu’avec de la détermination, de la conviction, et surtout un esprit d’équipe, on peut faire mieux qu’aujourd’hui. Mais à eux de s’approprier les choses. On n’a peut-être pas les individualités qu’il y avait à une certaine époque, mais je suis convaincu que la somme de tous ces potentiels peut rendre notre collectif très bon. »