Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Gilets jaunes » : à nous deux Paris !
L’appel à un « acte 2 » dans la capitale aujourd’hui, lancé sur les réseaux sociaux, sera-t-il entendu ? Hier, trente-cinq mille personnes étaient prêtes à manifester
Inflexibles ! Les annonces à répétition de l’exécutif n’y ont rien fait : les « gilets jaunes » mèneront, aujourd’hui et demain, « l’acte 2 » de leur mobilisation, avec une manifestation parisienne aux contours gardés secrets qui préoccupe les autorités. Jeudi soir, l’Elysée a annoncé que le chef de l’Etat dévoilerait, mardi, son nouveau cap pour la transition écologique et des mesures afin de la rendre « acceptable et démocratique ». « Nous avons reçu le message des citoyens. [...] Pour qu’elle ne soit pas socialement inacceptable, il faut que la transition écologique, qui est nécessaire, soit juste, équitable et démocratique », a fait valoir la présidence. Hier, la présidente LREM de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, Brigitte Bourguignon, a appelé dans Le Monde à « un moratoire » sur les hausses de taxes sur les carburants afin de nouer le dialogue « dans un climat apaisé ».
« Marée jaune » ?
Mais dans l’attente d’annonces concrètes, les « gilets jaunes » réafficheront leur détermination aujourd’hui. Si les blocages et barrages filtrants lancés samedi dernier se sont peu à peu dissipés, les manifestants espèrent une nouvelle « marée jaune » une semaine après de premiers rassemblements sur les routes de France qui avaient réuni 282 000 personnes selon le ministère de l’Intérieur. Un espoir que caresse aussi le chef de file de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, prédisant une « mobilisation énorme » car il se passe « vraiment quelque chose en profondeur dans le pays ». Hier, quelques barrages filtrants et rassemblements persistaient sur certains axes routiers et autour de zones d’activités, notamment en Bretagne, Centre-Val de Loire, Nouvelle Aquitaine et Provence-AlpesCôte d’Azur. Dans le Grand Est, le site PSA de Mulhouse, bloqué dans la nuit, a été libéré par les gendarmes. L’appel à un « acte 2 » à Paris a été lancé sur les réseaux sociaux, canal principal de cette contestation qui a essaimé hors des cadres politiques et syndicaux traditionnels. Mais comme le weekend dernier, quasiment aucun rassemblement n’a été déclaré, notamment pour un grand rendez-vous place de la Concorde auquel plus de 35 000 personnes se sont dites prêtes à participer sur Facebook mais que les autorités ont par avance exclu pour raisons de sécurité. Un arrêté a été pris interdisant toute manifestation « dans un périmètre assez large autour de l’Élysée », comprenant notamment les abords de la Concorde, de l’Assemblée nationale et de Matignon, qui sera bouclé par les forces de l’ordre, a répété, hier, le préfet de police Michel Delpuech.
La crainte des casseurs
Les autorités ont indiqué qu’un rassemblement était possible au Champ-de-Mars, qui « offre les conditions de sécurité nécessaires ». Une proposition qui a reçu une fin de non-revoir de la part des « gilets jaunes » : «Nous n’irons pas au Champ-de-Mars. Nous ne sommes pas partis pour faire un pique-nique géant sur un carré d’herbe mais bien pour faire une mobilisation citoyenne dans les rues de Paris », adéclaré sur BFMTV Laetitia Dewalle, porte-parole des « gilets jaunes » du Val-d’Oise. Reste que la crainte des casseurs inquiète le gouvernement : « Nous savons aussi que des réseaux violents d’ultradroite et d’ultragauche entendent se mobiliser», a prévenu le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner. Une quarantaine de compagnies de CRS, soit près de 2500 agents, devraient être présentes sur les lieux, sans compter les effectifs de la préfecture de police, a rapporté, hier, France Inter.