Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Ce n’est pas aujourd’hui qu’on va plier bagage !»
«Cela fait une semaine que je dors deux heures par nuit. Depuis samedi dernier, j’enfile mon gilet jaune à 8 h du matin et je repars à 21-22 h. Autant dire que je ne vais pas tout lâcher maintenant… », expliquait, hier matin, Anna positionnée au rond-point du Gargalon à Fréjus. Juste devant le péage où, depuis l’aube, une cinquantaine de gilets jaunes filtrent l’entrée de l’autoroute A8 en direction de Nice. Abris de fortune, tables dressées, feu de camp improvisé, café, jus d’orange et viennoiseries, les gilets jaunes se sont organisés en conséquence. Histoire de tenir la route en ce deuxième samedi de contestations multiples et variées. Car si depuis une semaine, le tarif des carburants demeure le fil rouge du mouvement, les retraités, les jeunes et autres citoyens taxés de toutes parts sont de la partie.
« Ils n’ont aucune notion des réalités »
« Le gouvernement tape sur tout le monde. J’enlèverai mon gilet que lorsque Macron et les siens feront des efforts. Lorsqu’on pense que le moindre employé travaillant à l’Élysée ou à Matignon se palpe 6 000 euros par mois… Mais où va-t-on ? J’ai travaillé non-stop depuis mes 14 ans. Aujourd’hui, ma petite retraite ne dépasse même pas les 1 100 euros. Avec un loyer de 550 euros, comment voulez-vous vivre décemment ? Et on me demande d’acheter une voiture électrique à 30 000 euros ? Les gouvernements se suivent et se ressemblent. Ils n’ont aucune notion des réalités. C’est-à-dire des problèmes de la France du bas. » Même son de cloche du côté du péage de Puget-sur-Argens, où une vingtaine de gilets jaunes filtrent l’entrée.
Artillerie lourde devant le péage du Muy
En deux-roues, en roller ou même à cheval, les gilets jaunes ont sorti l’artillerie lourde du côté du Muy. Quelque 300 contestataires ont pris place juste à la sortie du péage. Sur fond de drapeau tricolore, ils invitent les usagers de la route à jouer du klaxon en guise de soutien. « Profitez, le péage est gratuit, c’est Macron qui régale. » Histoire de marquer le coup avec les collègues montés à Paris, des motards ont organisé une opération escargot sur la route nationale menant à Draguignan. Dans la nuit, certains avaient même tenté de bloquer la zone des Bréguières, aux Arcs-surArgens avant de se faire déloger par les forces de l’ordre. Qu’à cela ne tienne : « On ne lâche rien ! Pas une once de bitume. Le plus dur était de rester mobilisés une semaine. Nous y sommes ! Ce n’est certainement pas aujourd’hui qu’on va plier bagage… C’est au gouvernement de faire preuve d’intelligence et de faire un effort envers le petit peuple que nous sommes», clame Christian, le café chaud entre les deux mains. Rendez-vous pris dès ce matin pour de nouveaux barrages filtrants…