Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les Gilets jaunes, acte II: la motivation au rendez-vous

Au 8e jour du mouvement citoyen, deux sites stratégiqu­es étaient investis hier par les manifestan­ts: l’accès à l’A8 et le rond-point du Leclerc. Au grand regret des commerçant­s du quartier Saint-Jean

- S. CHAUDHARI schaudhari@varmatin.com

Bonjour Monsieur, impossible de prendre son ticket de péage : Escota n’a pas remis de papier dans les machines. C’est gratuit pour vous. C’est Macron qui régale !», expliquait, avec un sourire entendu, une manifestan­te à l’entrée de l’A8. Hier matin, les opérations « autoroute gratuite » » et « barrages filtrants » ont été reconduite­s, logiquemen­t suivies par un nombre plus important de personnes que sur le reste de la semaine. Des contestata­ires toujours aussi motivés après une semaine de mobilisati­on « car on n’est pas entendus par le gouverneme­nt, estime Myriam, de Camps-La-Source, la mine fatiguée par le manque de sommeil. Et en plus, on se moque de nous. Ça entretient le dégoût. J’ai mis ma vie en suspens pendant 20 ans. Je n’ai pas d’aide, pas de subvention. J’ai droit à rien. Je veux juste qu’on arrête de me ponctionne­r. » Et de poursuivre : « Je suis présente depuis le premier jour ici à Brignoles. Je tiens bon. Je veux bien payer plus cher mes cigarettes mais est-ce que ces taxes vont à la recherche contre le cancer ? Et pour le carburant, uniquement à la transition écologique ? »

« L’État doit montrer l’exemple »

Tout à ses côtés, la Brignolais­e Sandrine remarque qu’« ici, il y a des gens qui n’ont plus rien à perdre. On ne fait que travailler pour payer les charges. Et ceux qui ne peuvent pas être là car ils bossent, on les comprend: ils ont pris des crédits à la consommati­on pour tenir et doivent rembourser. » Nadine, habitante de Brignoles souhaite un changement de fonctionne­ment de l’État. « Il faut supprimer les privilèges qui n’ont plus lieu d’être. L’État doit montrer l’exemple en matière de salaire. Quand on voit les revenus astronomiq­ues non justifiés ou les usages privés de garde-du-corps par exemple, ce n’est plus possible. La France appartient aux Français et pas au Président et à des ministres. » « On ne bougera pas, affirment Paco et Manu. Nous, on attend des réponses maintenant. De notre côté, on a fait le ménage. Il n’y a plus de casseurs, plus d’alcool sur les stands. On veut donner une bonne image. On a, par ailleurs, passé un compromis avec les commerçant­s de la zone commercial­e Leclerc pour qu’elle soit accessible ». Un scénario à l’opposé de celui observé samedi dernier où l’espace commercial avait dû fermer dès 13 h et tout le dimanche matin. Hier effectivem­ent, le rond-point du Leclerc était investi par les Gilets jaunes, lesquels ont instauré un barrage, cette fois-ci, filtrant. Trop « bloquant » toutefois aux yeux des commerçant­s (lire ci-dessous), qui, en ce samedi de Black Friday, attendaien­t les consommate­urs en nombre.

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(Photos Hélène Dos Santos). De tous âges et de toutes profession­s, les Gilets jaunes réclamaien­t plus de justice en matière de pression fiscale.
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Les stations essence étaient fermées hier. Celle du Leclerc, bloquée par les Gilets jaunes, était accessible aux médecins, infirmière­s, aux véhicules de pompiers, etc.

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