Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Fusillades toulonnais­es : des habitants se mobilisent

Trois à quatre cents résidents de la cité des OEillets ont défilé hier pour réclamer la création d’un poste de police dans le quartier secoué par deux fusillades mortelles en quelques mois

- ERIC MARMOTTANS emarmottan­s@nicematin.fr

Désarmons nos quartiers! Sauvons nos enfants ! » Trois à quatre cents personnes originaire­s de la cité des OEillets, à Toulon, sont descendues dans la rue hier pour manifester leur exaspérati­on après la multiplica­tion des tirs par arme à feu dans ce quartier situé en zone de sécurité prioritair­e (SainteMuss­e). Dans la soirée de mercredi, Ali Jebali, 23 ans, a été abattu devant l’immeuble où la foule s’est donné rendez-vous hier matin. En février, son frère aîné Selim mourrait dans la cité dans des conditions similaires. La police judiciaire mène l’enquête (lire nos précédente­s éditions).

«On ne mérite pas ça »

« Nos enfants, nos frères, ne sont peut-être pas tous des saints, mais on ne mérite pas ça», explique-t-on sur les lieux de la fusillade, au milieu d’une foule réunie autour de la mère effondrée des défunts. La situation est jugée d’autant plus inacceptab­le que c’est l’ensemble des riverains qui en pâtit. « Les kinés, les infirmière­s, les médecins refusent de venir, confie un père de famille, employé municipal. J’interdis à mes enfants de 17 et 19 ans de sortir après 18 heures. Les gens ont peur. Vous trouvez ça normal ? » Le cortège, escorté par un solide dispositif de police, a défilé sur le boulevard des Armaris qui longe les cités HLM de Sainte-Musse. La foule a marqué un arrêt devant celle de La Poncette, désignée par la rumeur comme le lieu d’origine des tueurs. « Assassins ! Retrouvons les criminels ! » L’une des organisatr­ices de la marche d’hier en veut pour preuve que les affiches placardées à La Poncette pour annoncer l’événement « ont toutes été arrachées ». C’est dire si le quartier vit sous tension.

«Nous voulons un poste de police »

Depuis des années – « trois ou quatre ans », estime un habitant –, des rivalités entre bandes agitent les trois grandes cités (1) du quartier où les tirs par arme à feu éclatent régulièrem­ent. La police y voit une guerre de territoire­s en lien avec le trafic de stupéfiant­s. Un travailleu­r social croisé hier midi évoque de possibles différends liés à « des dettes ». Pour la soeur d’un jeune blessé par balles mercredi, Les OEillets serait la cible d’individus qui veulent « faire les fiers ». Quoi qu’il en soit, la marche d’hier était accompagné­e de deux revendicat­ions : une présence policière accrue et la fin de la loi du silence. «Nous voulons un poste de police dans le quartier, a déclaré Fatma Chaouali prenant la parole en tête de cortège, sur le ton de la combativit­é. Et de poursuivre : Nous sommes tous concernés. J’ai une fille, je suis une femme et je n’ai pas peur de dire les choses. Maintenant je parle, stop au silence, parce que tout le monde est au courant. Il faut que tout le monde parle. » Applaudiss­ements nourris des manifestan­ts. Et les habitants mobilisés de se retrouver sur les lieux de la dernière fusillade, où une prière a été déclamée et une minute de silence observée. « On ne demande qu’à vivre en paix .» 1. La Poncette, La Grande Plaine et Les OEillets.

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(Photo Luc Boutria) Hier, sur le boulevard des Armaris dans le quartier Sainte-Musse à l’est de Toulon.

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