Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Rassurée sur le sort de Gibraltar, l’Espagne votera pour le Brexit
La voie est désormais libre pour qu’un accord historique sur le Brexit soit approuvé aujourd’hui à Bruxelles, après que l’Espagne a obtenu hier les «garanties » de dernière minute qu’elle exigeait de Londres sur l’avenir du territoire de Gibraltar. La détermination de Madrid avait fait planer le doute jusqu’au dernier moment sur la tenue même du sommet européen programmé aujourd’hui, qui doit sceller un accord global pour organiser le divorce entre l’UE et le Royaume-Uni, prévu le 29 mars 2019. « Je viens d’annoncer au roi d’Espagne que l’Espagne est parvenue à un accord sur Gibraltar », a finalement annoncé le chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez, dans une déclaration en direct à la télévision. Madrid « a levé son veto et votera en faveur du Brexit », a-til ajouté, après avoir estimé la veille que le sommet n’aurait « probablement pas » lieu s’il n’obtenait pas satisfaction. L’Espagne exigeait d’obtenir noir sur blanc un droit de veto à l’application de tout accord futur entre l’UE et Londres à Gibraltar, un territoire britannique situé à l’extrême sud de la péninsule ibérique, et dont l’Espagne revendique la souveraineté.
Theresa May à Bruxelles
Au terme d’intenses tractations entre Londres, Madrid et Bruxelles, le gouvernement britannique s’est dit favorable à mener des discussions post-Brexit avec l’Espagne sur Gibraltar. Et les autorités britanniques ont écrit noir sur blanc que le traité de retrait conclu avec l’UE ne préjugeait en rien de « la portée territoriale des futurs accords » qui seront conclus entre l’UE et le Royaume-Uni. L’Espagne ne disposait pas formellement du pouvoir de s’opposer à l’approbation d’un accord aujourd’hui. «Il s’agit d’une question politique, pas juridique: ce serait un vrai problème pour les 27 qu’un grand pays comme l’Espagne se désolidarise dimanche de l’approbation de l’accord de divorce », avait commenté une source européenne. Quasiment au moment où Pedro Sanchez annonçait le compromis trouvé avec Londres, le président du Conseil européen, Donald Tusk, envoyait sa lettre d’invitation aux dirigeants européens pour le sommet d’aujourd’hui, généralement transmise bien plus tôt. La Première ministre britannique Theresa May est arrivée samedi soir à Bruxelles pour d’ultimes « réglages » avec le président de la Commission européenne JeanClaude Juncker. Cette visite, à la veille du sommet, ne vise pas a priori à mener d’ultimes tractations sur les textes du divorce. Outre Gibraltar, l’un des autres points qui continuaient à poser problème est celui des futurs droits de pêche des Européens dans les eaux territoriales britanniques, a « été résolu », avait indiqué une source diplomatique. Si le sommet permet d’entériner aujourd’hui un accord global, tout ne sera pas terminé pour autant : l’accord de divorce devra encore être ratifié par le Parlement européen et surtout le parlement britannique avant le 29 mars 2019, date prévue du départ du Royaume-Uni. Un rejet par le parlement britannique « serait très préjudiciable pour les intérêts économiques de la Grande-Bretagne », a mis en garde samedi le ministre des Finances britannique Philip Hammond, évoquant le risque d’un « chaos économique ».