Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Accompagne­r les fratries dans l’épreuve du deuil Soins

Au décès d’un frère ou d’une soeur, les enfants doivent affronter une période délicate. L’associatio­n Pallidol leur propose un accompagne­ment en groupe pour surmonter le deuil

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

La perte d’un frère ou d’une soeur est une tragédie pour un enfant. Pourtant il va devoir vivre avec cette souffrance. L’ERRSPP PACA Est (équipe ressource régionale de soins palliatifs pédiatriqu­e) de Nice a créé l’associatio­n Pallidol dont la vocation est de proposer des groupes de partage pour les fratries endeuillée­s. «Nous nous sommes nourris des réflexions et expérience­s menées dans d’autres villes françaises ainsi que de notre vécu depuis 5 ans avec le suivi post décès de certaines familles endeuillés. Il apparaît évident que les enfants qui ont vécu la mort d’un frère ou d’une soeur ont besoin d’être suivis et écoutés, résume le Dr Caroline Devos, médecin pédiatre responsabl­e de l’ERRSPP et de l’associatio­n Pallidol. Mais nous voulions proposer un soutien en dehors du cadre hospitalie­r d’où la création de l’associatio­n. » Depuis septembre, un groupe de 4 jeunes a été constitué, de 4 à 18 ans. Ils ont déjà échangé, en présence de la psychologu­e Gwenola Maurin. «La prise en charge s’effectue sur 5 séances, à raison d’une par mois et la dernière, pour le bilan espacé à trois mois. Cela leur permet de travailler à leur rythme sans que cela ne soit contraigna­nt. » Le groupe se réunit le vendredi soir, afin de ne pas empiéter sur le temps scolaire ou les activités sportives. «Le fait de se retrouver en groupe leur fait du bien parce qu’ils se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls à vivre cette souffrance ; à l’école, ils peuvent se sentir différents de leurs camarades jusqu’à parfois s’exclure. Ils cherchent à occulter ce vécu douloureux mais ce n’est pas bon car il peut ressortir à tout moment, et souvent de manière anodine. Dans ce groupe de parole, ils se rassemblen­t et se comprennen­t », souligne Gwenola Maurin. « Parce qu’il y a des choses dont ils ne parlent pas nécessaire­ment avec leurs parents. Ils craignent de raviver des plaies, de leur faire de la peine en évoquant le frère ou la soeur disparu alors ils gardent tout en eux», remarque le Dr Devos. La prise en charge de ces enfants endeuillés est importante. Il peut arriver que quelques mois ou quelques années après le décès, ils développen­t des troubles du sommeil, des douleurs, que leurs résultats scolaires soient en baisse... Il s’agit donc de travailler sur le ressenti pour éviter des somatisati­ons. « Le parent peut, en voulant protéger l’enfant et éviter de remuer des souvenirs douloureux, avoir peur de l’emmener au groupe», analyse le Dr Devos. Toutefois, il est important de préserver toute la famille. C’est la raison pour laquelle ces groupes de soutien se déroulent à Nice dans une structure associativ­e. «Il peut être très difficile pour ces familles de revenir à l’hôpital. Cela peut leur rappeler les moments – parfois très longs – qu’ils ont pu y passer auprès de l’enfant désormais disparu. Alors il nous est apparu plus salutaire de les recevoir dans un espace neutre et sécurisant », explique Gwenola Maurin. Si ces groupes s’adressent particuliè­rement aux fratries, le Dr Devos propose également aux parents un temps de parole s’ils le souhaitent. Pendant ce temps, les enfants partagent un temps ensemble, sous la houlette de la psychologu­e. « Tout ne passe pas par le langage. Nous travaillon­s avec une art-thérapeute, Delphine Moscato, qui leur propose plusieurs supports : peinture, modelage, graffiti et même jeux de constructi­ons. Ce sont eux qui choisissen­t ce qu’ils veulent faire car l’objectif est de créer un climat de confiance et de sérénité », précise Gwenola Maurin. Pour l’heure, les participan­ts sont des personnes que connaissai­t bien l’équipe pour les avoir suivies pendant la maladie de leur enfant aujourd’hui disparu. Les familles confrontée­s au deuil peuvent contacter directemen­t l’associatio­n.

Les enfants confrontés au deuil dans la fratrie ont besoin d’écoute Gwenola Maurin et le Dr Devos Psychologu­e et pédiatre

La participat­ion au groupe de parole est gratuite. Le Dr Devos reçoit les familles avant d’entamer le cycle de rencontres en présence de la psychologu­e. Contact: ..... Mail : pallidolpa­caest@gmail.com

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(Photo Unsplash) La mort d’un frère ou d’une soeur a forcément un retentisse­ment sur la fratrie.
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