Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
GUÉRILLA URBAINE AU PÉAGE DE LA CIOTAT
Avant la déclaration présidentielle de demain, nous sommes allés à la rencontre des manifestants à Brignoles, Saint-Maximin , au Cannet-des-Maures ,à Rians et Pourrières, leur poser la question
Samedi soir, plus de soixante-dix policiers ont été pris à partie par une trentaine de casseurs infiltrés dans les rangs des gilets jaunes avec qui ils se sont affrontés. Onze jeunes ont été interpellés. En centre Var, Var-matin a demandé aux manifestants ce qu’ils attendaient du discours demain d’Emmanuel Macron.
Après neuf jours d’occupation de sites et de barrages filtrants dans le Centre Var, le mouvement des Gilets jaunes se poursuit encore aujourd’hui. Hier, dans différentes villes du Centre Var, les Gilets jaunes ont exposé leurs doléances, avant l’intervention du Président Macron, demain sur le thème de la transition écologique. Une intervention perçue comme une réponse aux mouvements des Gilets jaunes. Le mot d’ordre semble être le même partout « : Macron démission ». «Démission et dissolution du gouvernement, et qu’il arrête de nous racketer, assène Jean-Jacques, 73 ans, au péage du Cannet-des-Maures. Ce mineur à la retraite, résident au Thoronet, s’est vu, ditil, retirer « 30 à 35 euros de plus par mois» sur sa pension de retraite. « On n’a plus rien à perdre. On n’est pas là pour partir. C’est le peuple qui se soulève. »
« Dénoncer l’héritage fiscal »
Également retraité, le Lucois Gérard, 62 ans, complète. « Après 43 ans de conduite en tant que chauffeur routier et de bus, je touche 850 euros et ma femme 317 euros. Comment on va faire pour acheter les cadeaux de Noël ? » À 59 ans, Bruno du Cannet souhaite que Macron redonne du pouvoir d’achat aux Français. « Que ceux qui travaillent aient une rémunération correcte. C’est vrai que ceux qui ont gagné 1 200 euros toute leur vie ne peuvent pas prétendre à avoir 2 000 euros mais qu’ils puissent vivre. » Et de poursuivre : «Ça tombe sur Macron mais ça date de bien avant ! Même avant Sarkozy. Le gasoil, c’est la goutte d’eau. En plus, il l’a fait avant la fin de l’année. Il aurait fait cela au printemps, ça serait passé tout seul. Il a voulu aller trop vite. » À Saint-Maximin, on attend, comme Eric, 41 ans de Tourves, que le Président annonce une baisse significative des taxes. «De toutes les taxes et surtout de la TVA », qui touche tous les contribuables de la même manière, sans distinction de ressources. « Qu’il vienne à la rencontre du peuple aussi, intervient Cédric, 48 ans, de Saint-Maximin. Qu’il nous écoute. Qu’il dénonce l’héritage fiscal : il n’en est pas la cause mais il ne faut pas poursuivre dans cette voie. Il faut annoncer un carnet de bord car là il n’y a pas de plan d’urgence.» En revanche, «pas besoin d’annoncer des primes. De toute façon, on n’arrivera pas à payer le reste », poursuit Cédric, qui pressent que le mouvement va faire tache d’huile dans d’autres pays européens, comme l’Italie.
Transparence sur les impôts et taxes
« Aujourd’hui, grâce à mon travail, je vais reverser à l’État entre 70000 et 80 000 euros. Je ne veux pas que ce soit utilisé pour acheter de la vaisselle à l’Élysée ou construire une piscine à Brégançon. » Si les attentes ne sont satisfaites, Nicole, 61 ans, de Nans-les-Pins, estime que les manifestants pourront durcir le mouvement. « Un point extrême pourrait être atteint, prévoit l’infirmière qui a connu mai 1968. On se fout de nous. Je me bats pour mes enfants et petitsenfants. » Quand à Ludovic, quadragénaire vivant à Tourves, il n’attend plus rien. « C’est terminé. On n’en veut plus. Il représente tout ce dont on ne veut pas. Et on ne lâchera rien. On a déjà obtenu des victoires (avec les péages gratuits) sans avoir besoin d’un chef. » Positionnée sur Brignoles à la station-service du Leclerc de Brignoles rendu inaccessible par les Gilets jaunes, la Brignolaise Julie, 25 ans, a perdu tout espoir de voir le Président changer de politique. «On veut changer de gouvernement. De toute façon, il ne changera pas de cap. Les choses sont faites. 73 % des Français nous soutenaient samedi 17 et aujourd’hui, ils sont 90 % », affirme-t-elle.
Baisse des taxes, surtout de la TVA