Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Gilets jaunes : des scènes d’émeute aux péages

- P. M. pmichon@nicematin.fr

Dans la nuit de samedi à dimanche, un petit groupe s’est attaqué aux équipement­s de l’échangeur du Muy avant de mettre le feu au local commercial. À La Ciotat samedi soir, plus de 70 policiers ont été pris à partie par une trentaine de casseurs infiltrés. Onze personnes ont été interpellé­es

«Nous ne sommes que de simples et humbles gilets jaunes. Tous mobilisés pour maintenir le pouvoir d’achat des Français. Personnell­ement, je ne suis pas solidaire des casseurs. Ceux des Champs-Élysées et la poignée d’incontrôla­bles qui, hier soir, ont voulu faire pareil. À mon âge, je ne vais pas commencer à faire la révolution et tout casser… C’est n’importe quoi ! », confiait hier cette jeune retraitée, sous le couvert de l’anonymat.

Le local Vinci ravagé par les flammes

Hier matin, le péage du Muy était sinistré. Coupé dans les deux sens à la circulatio­n depuis la veille au soir. Alors qu’une ambiance pour le moins pacifique régnait tout au long de ce samedi de contestati­on nationale, vers 21 h, tout a dérapé… Est-ce en raison de la présence renforcée des forces de l’ordre ? Toujours est-il qu’un petit groupe d’environ six personnes, selon les témoins, a quitté le mouvement pour se diriger, bars de fer à la main, vers l’échangeur du Muy. « Jusque-là, il y avait une bonne ambiance autour du rond-point que nous tenons maintenant depuis une semaine. Je n’ai pas vu, ni entendu grand-chose, jusqu’au moment où j’ai vu une épaisse fumée se dégageait… », confie un quadragéna­ire, les yeux rivés sur le petit local commercial du groupe Vinci complèteme­nt ravagé par les flammes. Il était 21 h, samedi soir, lorsque ces quelques individus ont décidé de passer à la vitesse supérieure. Après avoir saccagé tout ce qu’il leur est tombé sous la main (distribute­urs automatiqu­es, barrières, garde-corps et autres équipement­s), ils ont pris d’assaut les locaux de Vinci situés à quelques mètres. Les vitres ont volé en éclats, puis un feu s’est déclaré à l’intérieur. Le mal était fait: en quelques minutes, le péage du Muy, hors d’usage, était encerclé par les flammes.

Des actes de vandalisme sur trois sites

«Dans un premier temps, des feux ont été allumés sur la chaussée. Cela a engendré la fermeture à la circulatio­n, en entrée et en sortie. Ensuite, un groupe d’individus a attaqué les équipement­s du péage avant de mettre, volontaire­ment, le feu au local commercial, confirme le responsabl­e communicat­ion du groupe Vinci. Fort heureuseme­nt, notre priorité a été de mettre le personnel en retrait. Il n’y a donc pas de victimes. En revanche, au cours de cette même nuit, des actes de vandalisme identiques ont été commis sur trois sites: Virsac en Gironde, La Ciotat (lire par ailleurs) et au Muy. Nous condamnons fermement ces violences. De notre côté, les équipes de Vinci Autoroutes sont totalement mobilisées pour réaliser des travaux d’urgence. Il est clair que ces échangeurs vont manquer et que nous allons tout mettre en oeuvre pour limiter au maximum la gêne des usagers. Une plainte a d’ailleurs été déposée contre les auteurs de ces agissement­s inacceptab­les… » Hier matin, il était encore trop tôt pour estimer le montant des dégâts occasionné­s. Mais dès 9 h, à quelques encablures des odeurs de brûlé, les gilets jaunes étaient à nouveau au rendez-vous autour du rond-point. Certains d’entre eux ont même enfilé les gants pour nettoyer les lieux saccagés. Dans un mois pile, l’heure sera aux festivités de Noël. Est-ce que les gilets jaunes tiendront jusque-là, au risque de sacrifier les fêtes de fin d’année en famille ? «La machine est lancée! Qui va l’arrêter? Macron? J’ai bien peur que son interventi­on, mardi soir, mette encore plus d’huile sur le feu. Peu importe Noël. De toutes les manières, je n’ai pas les moyens d’offrir un repas de fête à ma famille », estime l’un d’eux. Visiblemen­t, les gilets jaunes du Muy et d’ailleurs sont prêts à engager un rapport de force avec le gouverneme­nt. Qui aura gain de cause entre le pot de fer contre le pot de terre? La question reste entière. En attendant, hier à la tombée de la nuit, une bonne nouvelle est tombée dans cette grisaille ambiante. Le péage du Muy était à nouveau opérationn­el dans les deux sens…

 ?? (Photos Adeline Lebel) ??
(Photos Adeline Lebel)
 ??  ?? Hier matin, c’était la désolation aux abords du péage du Muy.
Hier matin, c’était la désolation aux abords du péage du Muy.

Newspapers in French

Newspapers from France