Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
MOUVEMENT DES GILETS JAUNES
Au tour des lycéens
Le mot d’ordre, lancé dans tout le pays par l’UNL (lire ci-contre) avait tourné dès jeudi, dans les couloirs et sur les écrans de smartphones. Il était même arrivé aux oreilles de la direction de l’établissement qui, dans la soirée, avait contacté par mail les parents, les prévenant que si mouvement il devait y avoir, le lycée continuerait d’accueillir les élèves.
Démarrage difficile
Hier matin, la mobilisation, prévue dès l’ouverture des portes, a eu du mal à démarrer. En effet, le blocage n’a pas été efficace, du fait de la trop faible mobilisation. « On attendait les “Gilets jaunes” du rond-point (de l’autoroute, Ndlr), mais ils n’étaient pas là », explique une jeune femme. Pas découragés, les adolescents ont attendu la récréation de 10 heures et la sortie d’une partie de leurs camarades pour organiser le blocage. Ils ont obstrué les portes de l’établissement à grands renforts de poubelles de ville et des caddies du supermarché voisin, très souvent mis à contribution par les jeunes brignolais en quête de matériel de barricade. « Il n’y a plus une seule poubelle dans le quartier », rigolait un voisin, manifestement heureux de voir la jeunesse entrer dans la danse du mouvement des « Gilets jaunes ». Peu ou pas de mot d’ordre, une organisation peu claire, mais une réelle volonté de marquer le coup. Près de deux cents élèves se trouvaient devant l’établissement à 11 heures. Certains ne cachaient pas leur désarroi et tentaient d’expliquer leur impuissance au téléphone : « Non, je t’assure Maman, je ne peux pas rentrer. C’est tout bloqué ! » D’autres, la grande majorité, montraient clairement leur joie et reprenaient les ébauches de slogans lancées du haut de la barricade instable par une poignée d’animateurs improvisés. « Macron ! Démission ! », bien sûr, ainsi que d’autres, moins courtoises.
Gendarmes et policiers
Un peu en retrait, une petite délégation de gendarmes, ainsi que des policiers municipaux et les agents de médiation de la Région observaient la scène. Rien de tout cela ne semblait les inquiéter réellement. Peu à peu, des adultes « Gilets jaunes », attendus dès le matin, arrivaient et se mêlaient à la troupe. « Difficile de venir en nombre, au risque de dépeupler le point d’occupation du péage et de s’y voir délogés par les gendarmes», justifiait l’un d’eux. Certains rappelaient également que les relations avec la maréchaussée s’étaient un peu tendues, mercredi en fin d’après-midi, à l’occasion d’une interpellation qui a fini en bousculade générale et usage de bombe lacrymogène.
Canaliser les énergies
Au lycée, pas question de tension : les « Gilets jaunes » adultes, après avoir tenté, sans succès, de s’entretenir avec les membres de l’équipe éducative, ont entrepris de canaliser les énergies. « Non, vous ne ferez pas de feu », assénait l’une d’elles à trois lycéens désireux d’imiter les « grands » du rond-point. « Vous avez vu ce qu’il se passe à La Seyne ? » (les lycéens y ont été dispersés, notamment au moyen de gaz lacrymogènes, en réponse à des jets de pierre sur les gendarmes, Ndlr, lire aussi en pages 1415). « Pas question de ça ici ! » Vu le peu de chances que la situation dégénère, gendarmes et policiers ont quitté les lieux avant midi. C’est la pluie qui, finalement, a découragé le gros des troupes, parties se retrouver, par petits groupes, dans les snacks alentour, ainsi qu’en centre-ville. À 14 heures, la barricade était démontée et les lieux nettoyés par les élèves eux-mêmes. Pas dit, cependant, que les lycéens en restent là. L’UNL leur a demandé de rester mobilisés. Le mouvement pourrait reprendre dès lundi, après un week-end qui s’annonce chaud, partout dans le pays.